
Docteure en littérature comparée et ancienne maîtresse de conférences à Paris 3, Danica Urbani est la fondatrice des éditions Dadoclem, créées en 2006. La devise de la maison ? « Un seul monde et tant de points de vue… ». À travers ses livres, Danica souhaite initier les enfants à une réflexion à la fois multiple et critique.
Découvrez en exclusivité son interview…
Comment et pourquoi êtes-vous devenue éditrice jeunesse ?
J’ai toujours souhaité travailler dans l’édition et lorsque l’occasion s’est présentée, je n’ai pas hésité à créer ma maison. À la fin des années 1990, j’ai participé à l’avènement d’Internet et j’ai tout de suite vu le potentiel que cela ouvrait dans l’éducation et la communication globale.
J’ai vite compris aussi que les effets pervers allaient s’installer, comme la peur devant l’immensité d’informations, la pression de l’opinion majoritaire, la diffusion des opinions extrémistes… Il m’est apparu comme une évidence qu’il fallait agir sur l’esprit critique des nouvelles générations, pour en faire des hommes libres et autonomes dans la réflexion. Combattre les préjugés aussi sur les cultures peu ou pas connues.
C’est ainsi que j’ai imaginé d’abord la première collection bilingue « La marmite-O-langues », comme une ouverture aux autres, aux cultures proches ou lointaines qu’on ne connaît pas forcément. Je voulais montrer que nous sommes une immense communauté d’humains, avec les mêmes caractéristiques intrinsèques, mais dont la diversité culturelle enrichit nos esprits.
Plus tard sont venus les romans et les albums où la réflexion des jeunes lecteurs est toujours stimulée, sans qu’ils se rendent compte. Notre but est que l’enfant s’amuse avant tout, c’est le premier effet de nos livres.
Ensuite, une lecture en duo, avec un adulte, les encourage à interagir et à poser des questions. Tout comme Storyplay’r, qui réalise cette prouesse en ligne :-).
En ce qui concerne les romans, pour les ados, ce même effet est obtenu à travers une expérience forte que nos lecteurs vivent aux cotés des personnages.
Comment décrivez-vous votre métier ?
C’est un métier « passion » où il faut se remettre en question très souvent. Notre public grandit vite et il faut conquérir de nouvelles générations en permanence. Pour cela, il faut aussi observer les changements d’une génération à l’autre afin de répondre à leurs attentes et à leurs besoins.
Comment gérez-vous votre collaboration avec vos auteurs et illustrateurs ?
Je considère que nous sommes une équipe. Chacun peut compter sur l’autre. L’éditeur est un chef d’orchestre qui travaille avec des auteurs et illustrateurs. Chacun apporte son savoir-faire et suggère des idées aux deux autres. Un livre est le produit de l’imagination de plusieurs personnes qui y apportent leur personnalité, leurs valeurs et leur créativité.
Voyez-vous le numérique comme une menace ou une opportunité pour votre métier ?
Je n’ai jamais considéré le numérique comme une menace. Le
papier et le numérique ne proposent pas les mêmes processus cognitifs et les deux sont intéressants dans la mesure où on les utilise intelligemment. À vrai dire, je me considère plutôt comme une productrice de contenus qui peuvent se décliner sur plusieurs supports. Ce sont ces différentes grammaires qui sont intéressantes et qui agissent sur la réceptivité des contenus par le public.
Lisez-vous des livres numériques, voire audio ?
Oui, mais rarement. J’aime le contact intime avec un livre et l’odeur du papier.
Que pensez-vous du numérique pour les enfants ?
On ne peut pas arrêter le progrès, d’autant plus lorsqu’il est séduisant. En revanche, on peut l’utiliser avec intelligence et raison. Le numérique permet aux textes de vivre de plein de façons nouvelles et animées. Le tout est de bien doser et de bien penser ce qu’on offre aux enfants. Si on abdique devant leur éducation en les laissant jouer aux jeux vidéo ou passer leur temps devant la télé, on leur fait du tort.
Pourquoi mettre les albums de Dadoclem sur Storyplay’r ?
Parce que c’est une plateforme avec une idée géniale : rassembler ceux qui vivent loin les uns des autres, dans une activité commune et ludique, tout en créant de la complicité. C’est une excellente manière de faire vivre les livres.
Quels sont vos projets à venir ?
Nous venons de sortir un roman pour ados, Vibraton et l’album Loddy, petit gruyer d’Amazonie, qui est proposé sur Storyplay’r d’ailleurs. Nous avons récemment publié aussi un kamishibaï relatant la fable Le Renard et la Cigogne, une adaptation de La Fontaine pour les 3-6 ans.
En attendant de voir comment évoluera la situation sanitaire, nous préparons des nouveautés dans nos collections bilingues, mais aussi un roman graphique pour les 6-9 ans, d’autres albums poétiques et drôles pour 2022 et des romans au format poche.
Retrouvez tous les livres des éditions Dadoclem disponibles sur Storyplay'r
Et pour les plus curieux, retrouvez également le portrait de Danica Urbani en vidéo sur YouTube !