Texte integral du livre Jack et le haricot magique
Jack et le haricot magique
de Sylvie Misslin et Marie Paruit
aux éditions Amaterra
Jack et le haricot magique
Une mère et son fils, Jack, avaient pour seul bien une chèvre nommée Blanchette.
Ils se nourrissaient de son lait.
Un matin, la femme eut beau presser le pis de la chèvre, pas une goutte de lait n'en sortit. Elle appela son fils et lui demanda de vendre l'animal au marché.
- Essaie d'en tirer un bon prix, ajouta-t-elle.
L'enfant se mit en route.
En chemin, il rencontra un homme qui l'interpella :
- Où vas-tu avec cette chèvre ?
Jack expliqua qu'il allait vendre Blanchette.
- C'est une belle bête, dit l'homme, je l'achète.
Il plongea la main dans sa poche et en sortit six graines de haricot.
Le garçon protesta. Il voulait du bon argent !
L'inconnu lui prit la main et y déposa les graines.
- Prends-les avant que je ne change d'avis. Ce ne sont pas des haricots ordinaires.
Et il s'éloigna, la chèvre trottinant sur ses talons.
La mère de Jack guettait son retour. Elle se précipita à sa rencontre.
- As-tu vendu la chèvre ? Où est l'argent ?
Quand elle vit les graines, elle se fâcha. Le garçon expliqua qu'il ne s'agissait pas de graines ordinaires.
La colère de sa mère redoubla :
- Quel nigaud tu fais ! Ne vois-tu pas que ces haricots sont comme tous les haricots ?
Et hop ! elle les jeta par la fenêtre.
Ce soir-là, la mère et le fils se couchèrent sans manger.
Le lendemain, une surprise attendait Jack ; les graines avaient germé. Pendant la nuit, les pousses avaient grandi, grandi et grandi encore.
Elles formaient une échelle de verdure qui se perdait dans les nuages. Le garçon posa son pied sur le premier barreau et grimpa.
Jack monta, monta et monta encore. Il traversa les nuages et se trouva devant une immense bâtisse. Une femme gigantesque se tenait sur le seuil. Jack la salua.
Puis, comme il avait très faim, il demanda :
- Puis-je avoir un petit déjeuner, s'il vous plaît ?
La géante éclata de rire.
- C'est toi qui serviras de repas si tu restes là ! Mon mari est un ogre !
Le garçon tournait déjà les talons quand la femme l'appela.
- Entre quelques instants. Tu as le temps de manger avant son retour.
Elle posa devant Jack une belle tartine de beurre. Mais au moment où il avalait la dernière bouchée, le sol trembla. La géante roula des yeux affolés.
- Voilà mon mari !
La femme montra le pot de farine.
- Cache-toi là !
Jack obéit. L'ogre entra dans la cuisine, il plissa le nez :
- Ça sent la chair fraîche ! Serait-ce une odeur d'enfant ?
Son épouse secoua la tête :
- C'est l'agneau que j'ai fait griller pour ton repas.
Son mari grogna :
- Dommage ! J'aurais bien croqué un gamin !
L'ogre mangea avec appétit. Puis il quitta la pièce et revint avec une oie qu'il posa sur ses genoux. Il la caressa :
- Jolie petite oie, ponds un œuf pour moi !
Aussitôt, l'animal pondit un œuf en or. L'ogre ouvrit un coffre rempli d'œufs dorés et commença à les compter. Il ne tarda pas à s'endormir.
Jack souleva le couvercle du pot. Il ne vit pas trace de la femme. Il se faufila hors du récipient et, sur la pointe des pieds, il s'approcha du dormeur, s'empara de l'oie et s'enfuit.
Mais l'oie s'affola, siffla et réveilla l'ogre.
Furieux, le géant s'élança à la poursuite du fuyard. ll empoigna la fragile échelle de verdure et descendit à la suite de Jack. L'échelle grinça, trembla et vacilla, mais elle tint bon. L'ogre progressait avec précaution tandis que l'enfant glissait avec agilité le long des tiges.
Quand Jack toucha terre, les bottes du géant émergeaient à peine des nuages. Il confia l'oie à sa mère et courut chercher une hache.
D'un geste, il trancha les pieds de l'échelle.
Elle bascula dans le vide. Un hurlement roula comme un coup de tonnerre, et une explosion fit trembler le sol. Puis, ce fut le silence.
La vie de Jack et de sa mère changea du tout au tout. Quand ils avaient besoin d'argent, le garçon caressait l'oie :
- Jolie petite oie, ponds un œuf pour moi !
À chaque fois, la bête pondait un œuf en or et, à chaque fois, la femme se félicitait d'avoir un fils aussi malin.