Extrait du livre Boulboul et Jrada
Boulboul et Jrada, Conte marocain écrit par Halima Hamdane et Elsa Huet Aux éditions du Jasmin
Boulboul et Jrada
Lina était une jeune femme vive d’esprit. On disait qu’elle n’avait pas sa langue dans sa poche et qu’elle avait des fourmis dans les jambes. Elle ne restait pas en place. On l’avait surnommé Jrada, ce qui signifie « sauterelle ». Jrada était mariée à Rahim. C’était un homme timide et réservé. Il fuyait les gens et passait son temps à s’occuper des oiseaux, dont il imitait les chants. On l’avait surnommé Boulboul, ce qui signifie « rossignol ». Jrada travaillait au palais du sultan. Elle était au service de la princesse Nour.
Le sultan aimait beaucoup sa fille et lui rapportait de somptueux cadeaux de ses voyages. Au retour d’un voyage en Inde, il lui offrit une magnifique émeraude d’un vert intense. Nour invita ses amies à prendre le thé. Elles s’extasièrent toutes sur la beauté de l’émeraude. Après le thé, la princesse invita ses amies à une promenade dans le parc du palais. Jrada se précipita pour débarrasser la table du goûter et vit que la pierre précieuse était restée sur une serviette. Au même moment, la gazelle apprivoisée de la princesse s’approcha de la table. Elle flaira la pierre précieuse et, la prenant sans doute pour une friandise, l’avala. De retour de sa promenade, la princesse constata la disparition de l’émeraude. Elle la chercha partout et ordonna de fouiller toutes les personnes présentes, invitées et domestiques. Bien sûr, l’émeraude resta introuvable.
Jrada ne parla pas de ce qu’elle avait vu. De retour à la maison, elle raconta tout à son mari : — Pourquoi n’as-tu rien dit à la princesse ? — J’ai un plan. Et il va nous rendre riches et même très riches. Écoute-moi bien : je dirai à la princesse que tu es un devin-sorcier capable de retrouver sa pierre. — Ah non ! s’écria Boulboul, je ne veux pas participer à une telle supercherie. Dis la vérité à la princesse, elle te donnera certainement une belle récompense. — Nous allons seulement lui jouer un petit tour. Elle retrouvera sa pierre, et nous, nous serons riches — Je ne peux pas participer à cette mascarade. — Je suis bien malheureuse. Si je suis ton conseil et raconte la vérité à Nour, je perdrais peut-être ma place ou pire, elle me mettra en prison. Jrada se mit à pleurer. Boulboul n’aimait pas voir sa femme malheureuse. — D’accord, mais ce sera bien la première et la dernière fois. — Merci, mon cher mari. Je sais comment nous y prendre. J’y ai réfléchi toute la journée.