Extrait du livre Le Mont Fuji, volcan sacré du Japon
Le Mont Fuji, volcan sacré du Japon de Marie Lescroart et Catherine Cordasco aux éditions du Ricochet
Le Mont Fuji, volcan sacré du Japon
« Entre les pays de Kai et de Suruga se dresse haut le sommet du mont Fuji. Les nuages au ciel s’attardent dans leur course. Les oiseaux même ne peuvent s’élever au-dessus. Je ne peux parler de lui. Je ne peux lui donner un nom, à ce dieu mystérieux. » Extrait du Man’yōshū (recueil des dix mille feuilles), la plus ancienne anthologie de poésie japonaise (vers 760)
Le symbole du Japon Plus qu’une montagne, plus qu’un volcan, le mont Fuji incarne l’âme immortelle du Japon. Ce cône aux dimensions majestueuses (30 kilomètres de diamètre à la base !) semble dominer Honshu, l’île principale de l’archipel japonais. Sa beauté parfaite saute aux yeux, comme s’il était non pas l’œuvre de la nature, mais celle d’un talentueux artiste, ou d’un dieu. Les plus grands peintres du pays l’ont célébré, des centaines de marques l’ont utilisé pour leur nom ou leur logo. La Banque du Japon l’a choisi pour décorer les billets de 1 000 yens comme s’il était un monument ou un grand homme de la nation ! Depuis 2013, il figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Les Japonais l’appellent « Fujisan ». Ils l’aiment comme ils aiment leur pays, et chacun se doit de le gravir au moins une fois dans sa vie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les forces américaines larguaient des fascicules mettant en scène le mont Fuji sur les troupes japonaises stationnées à l’étranger. Leur but ? Donner aux soldats ennemis le mal du pays et les inciter à déserter !
Mont Fuji en vue ! Ce volcan haut de 3 776 mètres se voit des quatre coins de l’horizon jusqu’à deux cents kilomètres de distance ! Envie d’admirer le mont Fuji avant de plonger dans le vide à plus de 180 kilomètres à l’heure ? Rendez-vous au parc Fuji-Q Highland en périphérie de la ville de Fujiyoshida ! Plusieurs montagnes russes battent des records mondiaux de vitesse. Sensations fortes garanties !
· La préfecture de Shizuoka, au sud du mont Fuji, est le berceau de la culture du thé vert au Japon. Au mois de mai, juste avant la cueillette, les bandes vertes des rangs de théiers contrastent magnifiquement avec le volcan, en toile de fond… · Jusqu’en 1966, le village de Saiko Iyashi-no-sato Nenba était considéré comme l’un des plus beaux du pays. Emporté par un glissement de terrain suite à un typhon en 1966, il a été reconstitué et se visite aujourd’hui comme un musée à ciel ouvert. Fujisan fait partie du décor. · Sur le trajet entre Tokyo et la région du Kansai, dans le shinkansen (train à grande vitesse) ou en voiture, le temps passe plus vite quand on contemple le mont Fuji ! Pour cela, il est conseillé de s’asseoir à droite au départ de Tokyo ou à gauche, depuis le Kansai. · L’avion offre une vue à couper le souffle sur le volcan. La Japan Airlines a même ouvert un site Internet qui indique aux voyageurs de quel côté il apparaîtra, en fonction de leur itinéraire. Ils peuvent ainsi réserver leur siège sans se tromper ! · Tagonoura est le port le plus proche du mont Fuji. Le volcan trône derrière les quais, émergeant des grues et des piles de conteneurs… · Construite dans les années 1950 sur le modèle de la tour Eiffel pour les besoins de diffusion de la télévision, la tour de Tokyo est haute de 333 mètres. Elle comprend une plate-forme accessible au public, à 250 mètres d’altitude. Là-haut, la vue sur la ville et ses environs est imprenable. Et par beau temps, le Fujisan se dresse sous nos yeux à plus de cent kilomètres à vol d’oiseau !
Le volcan Fuji Le Fujisan est loin d’être le seul volcan du Japon, mais il est le plus haut et l’un des plus actifs. L’archipel est situé dans la « ceinture de feu du Pacifique », à la rencontre de quatre plaques tectoniques. Il compte quelque cent dix volcans actifs, dont une quarantaine menacent d’entrer en éruption. Les plaques en mouvement font aussi planer des risques de tremblement de terre ou de tsunami. Le pays est donc sous surveillance scientifique rapprochée !
Les archives des éruptions du mont Fuji remontent jusqu’à 781. Depuis, le volcan a connu une dizaine d’éruptions explosives (avec projection de cendres) ou effusives (avec coulées de lave). La dernière en date, l’éruption Hoei en 1707, a été la plus dévastatrice. Elle n’a produit aucune coulée de lave, mais une énorme pluie de cendres qui a recouvert les maisons, les temples et les terres alentour. Cette poussière grise a même volé jusqu’à Tokyo, dont les habitants ont dû s’éclairer à la bougie en pleine journée ! Les terres agricoles recouvertes sont devenues moins fertiles… Les années suivantes, une famine terrible s’est abattue sur la région. Cette éruption a donné au Fuji sa forme actuelle, laissant sur sa pente un petit volcan secondaire, le mont Hoei. Depuis, le Fujisan est calme, mais il est toujours considéré comme actif.
De loin, la forme du Fujisan semble régulière. Mais à y regarder de plus près, ses colères passées ont laissé de nombreuses traces géologiques étonnantes sur ses pentes. Lors d’éruptions anciennes, la lave, en s’écoulant, a englouti des forêts. En refroidissant, elle a moulé les arbres comme de la pâte à gâteau ! Des siècles plus tard, le bois a disparu, mais la roche volcanique a gardé son empreinte. Au sud du mont Fuji, le site touristique Funastu rassemble deux cent cinquante arbres moulés il y a mille ans, certains debout, d’autres couchés ou enchevêtrés. Ils forment des grottes en forme de boyau qui se parcourent à quatre pattes. À l'intérieur, on se croirait dans un être vivant. Elles ont donc une dimension sacrée, et sont ornées de stèles, de statues de Bouddha ou encore de gohei, objets de culte dédiés à un kami constitués de deux bandes de papier ou de métal pliées.


























