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Les fables extravagantes de Conrad le corbeau

Les fables extravagantes de Conrad le corbeau

6-8 ans - 42 pages, 4960 mots | 37 minutes de lecture | © Les 400 coups, 2019, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Les fables extravagantes de Conrad le corbeau

6-8 ans - 37 minutes

Les fables extravagantes de Conrad le corbeau

Les fables extravagantes de Conrad le corbeau est un recueil aussi drôle que décalé. Pierrette Dubé se glisse dans la peau de cet auteur observateur et signe l’une de ses œuvres les plus drôles en jouant avec les codes de la fable. Chaque histoire présente des personnages qui apprendront aux lecteurs, à travers une série d’épreuves, une morale pas toujours pertinente, mais ô combien amusante. Audrey Malo met en images cet univers absurde avec brio, en donnant vie à ces situations complètement surprenantes.

Sélection The White Ravens 2020

"Les fables extravagantes de Conrad le corbeau" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Les fables extravagantes de Conrad le corbeau

Les fables extravagantes de Conrad le corbeau de Pierrette Dubé et Audrey Malo aux éditions Les 400 coups


Les fables extravagantes de Conrad le corbeau
Préface Amis lecteurs qui prenez ce livre entre vos mains en vous demandant de quelle drôle de bête il s’agit, permettez-moi de vous le présenter. Sachez d’abord qu’il n’y a pas une, mais dix drôles de bêtes dans ce livre. C’est dix fois mieux ! Vous aurez deviné que je ne fais pas partie du compte. C’est que je suis loin d’être bête, croyez-moi. Sans me vanter, l’expression « avoir une cervelle d’oiseau » ne s’applique pas à moi. Je suis un grand corbeau, Corvus corax de mon vrai nom. Je sais, les corbeaux ont très mauvaise réputation. La plupart des gens préfèrent les petits oiseaux au plumage coloré qui gazouillent et picorent gentiment. Moi, je ne gazouille pas, je croasse. Pour me faire respecter, c’est beaucoup plus efficace. Je ne picore pas, je dévore, car je ne suis pas capricieux et j’ai bon appétit. À cause de mon plumage noir, on dit que je porte malheur. Quelle erreur ! Malgré mon allure sévère, je suis un pince-sans-rire qui aime bien s’amuser. En effet, vue de là-haut, la vie est souvent un spectacle fort divertissant !
En plein vol, ou de la branche où je suis perché, j’observe tout ce qui se passe au-dessous de moi. Enfin, presque tout… Ce que je ne vois pas, je le devine, je l’imagine ou on me le raconte, car j’ai des informateurs partout, même dans les profondeurs de l’océan. Si vous saviez tous les récits que transportent les nuages, le vent et les flots, vous seriez étonnés. Je les rapporte, tels que je les ai entendus, en y ajoutant parfois un peu de fantaisie, mais si peu ! Ces histoires, j’ai eu envie de les partager avec vous. Vous, humains, dont il n’est pourtant pas question dans ce livre. Les animaux me suffisent… Mais ne vous y trompez pas, ils vous ressemblent beaucoup. Je me suis donc mis à l’écriture. On dit que « j’ai une belle plume ». En fait, j’en ai plus qu’une. Mais celle que j’ai choisie pour écrire ce livre est, assurément, la plus fine et la plus jolie, même si elle grince légèrement sur le papier. Mes historiettes se terminent par une morale, comme on en trouve dans le recueil d’un certain monsieur Jean de La Fontaine. Cet auteur, par ailleurs talentueux, prenait les corbeaux pour des sots, c’était là son moindre défaut. Pourquoi, une morale ? me demande-t-on. Ce à quoi je réponds : pourquoi pas ? Il faut bien qu’une histoire se termine quelque part, et j’ai horreur du mot « FIN. » Moi qui suis un grand sensible, je ne peux pas le lire sans me mettre à pleurer. Je vous invite à méditer chacune de ces morales. Elles sont souvent bien plus profondes qu’elles n’en ont l’air. Sur ce, je vous laisse à votre lecture. Albert, Fernande, Marcel et tous les autres me pressent de me taire et de leur céder la place. Très respectueusement, je signe, Conrad le corbeau
Albert le dromadaire
Albert le dromadaire n’a pas seulement une bosse sur le dos. Il a aussi « la bosse des affaires ». Cela ne fait pas de lui un chameau. Car chez les dromadaires, la bosse des affaires est dissimulée derrière l’oreille droite. Albert est déjà un entrepreneur expérimenté, mais la chance ne lui a pas souri jusqu’ici. Il a tenu un magasin de chaloupes, de kayaks et de canots. Mais l’affaire est tombée à l’eau. Puis il s’est associé à un vautour pour livrer des colis. Le rapace s’est envolé avec les profits.
En arpentant le désert, Albert réfléchit à son nouveau plan d’affaires. « Je vais ouvrir un bistrot, se dit-il. Ma spécialité, une boisson aux cactus fraîchement pressés, sera sûrement très appréciée ! » Albert prépare sa boisson, y goûte : elle est parfaite ! Il ne manque plus que des glaçons… Trouver des glaçons dans le désert, ce n’est pas une mince affaire. Par bonheur, Albert croise un vieux frigo à compartiment congélateur accablé par la chaleur. Le pauvre est tombé du camion d’un déménageur, qui ne s’est même pas arrêté pour le ramasser. Depuis, le frigo cherche désespérément… une prise de courant. — Je peux vous aider, propose Albert, si vous me promettez un approvisionnement en glaçons pendant au moins cinq ans. — Marché conclu ! répond l’électro. Il y a une prise de courant quelques kilomètres plus loin. Albert s’y rend au galop, branche un très long fil électrique et revient aussitôt. Dès qu’il est branché, le frigo se met à ronronner de contentement. Albert remplit les bacs à glaçons, puis il va se coucher, certain de découvrir de beaux glaçons au réveil. Mais sitôt rafraîchi, le frigo se débranche et s’enfuit. C’est un aventurier qui ne veut pas s’attacher. Albert est déçu lorsqu’il constate que le frigo a disparu. Adieu glaçons ! Adieu boissons ! En considérant le fil électrique abandonné, il réfléchit : « Et si j’ouvrais plutôt une laverie ? Il y a bien des laveries dans quelques oasis ici et là, mais il n’y en a aucune en plein désert. »
Il publie une offre d’emploi dans le journal Le Sahara : « Cherche lave-linge à faible consommation d’eau. Aventuriers, s’abstenir. » Un candidat se présente quelques jours plus tard. C’est un appareil sérieux, fraîchement diplômé de la Haute École de blanchisserie. Il ne rêve pas de voyager et n’a pas d’autre ambition que de laver. Avec lui, Albert ouvre une laverie très fréquentée. Les deux associés forment une équipe du tonnerre : l’un s’occupe de l’approvisionnement en eau, l’autre, de la lessive. Le lave-linge est fiable et vaillant. Il n’a qu’un seul défaut, il est un peu ennuyeux. Sa conversation porte, la plupart du temps, sur les différents cycles de lavage ainsi que sur l’efficacité des détergents et des détachants. « Mais personne n’est parfait, pas vrai ? », se console Albert. La morale de cette histoire, la voici : En affaires, il vaut mieux avoir pour associé un lave-linge casanier qu’un frigo aventurier.
Fernande la fourmi
Fernande la fourmi a une jolie robe noire, qu’elle porte tous les jours, beau temps, mauvais temps. Le noir, c’est très chic et ça ne se démode pas. L’ennui, c’est que toutes les fourmis ont une robe identique. Or, Fernande la fourmi est une excentrique. Elle veut être unique ! Elle ajoute un collier et un ceinturon doré. Elle se fait réprimander par Hilda, la chef de l’uniformité. — Pas de fantaisie ! Dans l’armée des fourmis, tout le monde porte l’uniforme et tout le monde marche au pas. C’est compris ? Hilda est la plus sévère des fourmis. Elle porte même un petit képi.