
Jean de La Fontaine est connu pour son œuvre Les Fables publiée au XVIIe siècle. Chacune de ses fables contient une morale, implicite ou explicite, placée au début ou à la fin du récit, en un ou plusieurs vers.
Les morales ou citations les plus connues des fables de La Fontaine sont :
- « La raison du plus fort est toujours la meilleure » – Le Loup et l’Agneau
- « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute » – Le Corbeau et le Renard
- « Rien de sert de courir, il faut partir à point » – Le Lièvre et la Tortue
- « On a souvent besoin d’un plus petit que soi » – Le Lion et le Rat
- « Trompeurs, c’est pour vous que j’écris, attendez-vous à la pareille. » – Le Renard et la Cigogne
- « Vous chantiez, j’en suis fort aise, eh bien dansez maintenant. » – La Cigale et la Fourmi
Qu’est-ce qu’une morale ?
D’après le dictionnaire Larousse en ligne, une morale est : « un enseignement qui se dégage de quelque chose, une conduite que l’événement ou le récit invite à tenir ». En d’autres termes, une morale s’apparente à une leçon de vie, un enseignement déduit à la suite d’une histoire, que le lecteur est prié de considérer. La morale expose le Bien et le Mal et s’oppose à l’immoralité. Au siècle de La Fontaine, la morale s’imposait à la conscience individuelle et collective. Elle faisait allusion aux actes de l’époque et notamment ceux à la cour du roi Louis XIV, surnommé « le Roi-Soleil ».
De nos jours, la morale permet au lecteur de réfléchir sur son comportement face aux autres et à la société, afin de prendre conscience de ses actes et paroles.
L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme. Le corps est la fable ; l’âme, la moralité. (Préface des Fables)
Morale des fables les plus connues
Nous vous proposons ainsi une liste de fables et de leur morale, suivie d’une courte analyse.
Morale explicite :
Dans les fables qui suivent, la morale est énoncée noir sur blanc. Elle est donc explicite.
Morale de la fable Le Corbeau et le Renard : « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». Le lecteur comprend ici qu’il faut savoir garder la raison, particulièrement lorsqu’une personne nous flatte et nous dit ce qu’on veut entendre. Le renard désirant le fromage, se met à flatter le corbeau et ce dernier le fait alors tomber à ses dépens, trop absorbé par les compliments du renard.
Morale de la fable Le Lièvre et la Tortue : « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. » La morale se situe au début de la fable et met en garde le lecteur contre la vanité puisque le lièvre estime gagner la course par avance en raison de sa rapidité, mais c’est finalement la tortue, à l’origine du défi, qui remporte la course ! La tortue est restée fixée sur son objectif : faire la course, alors que le lièvre s’est laissé aller à des occupations moindres, jugeant être le meilleur. Le lièvre perd finalement le pari et la tortue ne se cache pas se moquer de lui.
Morale de la fable Le Loup et l’Agneau : « La raison du plus fort est toujours la meilleure. » La morale se situe au début de la fable. Jean de La Fontaine dresse ici une critique cinglante de sa société. Il critique la justice comme symbole de la violence et de la force. L’agneau, qui représente l’innocence et la pureté, ne pouvant s’en sortir face au loup, prédateur doté d’une grande force. La morale apparaît alors davantage comme un constat irrémédiable.
Morale de la fable Le Renard et la Cigogne : « Trompeurs, c’est pour vous que j’écris, attendez-vous à la pareille. » La morale se situe à la fin de la fable et avertit les personnes voulant faire un mauvais tour, car cela se retourne généralement contre elles. Le renard a fait une farce à la cigogne, mais la cigogne lui rend la pareille, en se vengeant, d’une certaine manière. Alors, gare à vous !
Morale implicite :
Contrairement aux fables citées au-dessus, celles-ci ne contiennent pas une morale clairement énoncée. Elle est donc implicite.
Morale de la fable La Cigale et la Fourmi : La fourmi a durement travaillé pendant tout l’été, tandis que la cigale rêvassait et chantait. Ainsi, cette dernière se retrouve sans provisions pour l’hiver, à la différence de la fourmi ! La morale serait donc que le travail récompense toujours et ce, sur du long terme, contrairement à l’idée de flâner et de remettre le plus important à demain. Jean de La Fontaine prône davantage le labeur, en dépit de la célèbre locution latine carpe diem d’Horace.
Morale de la fable La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bœuf : cette fable met en scène une grenouille jalouse d’un bœuf, plus fort et plus imposant qu’elle. Elle décide alors de se gonfler pour devenir, elle aussi, forte et imposante, mais à trop envier et se gonfler, elle finit par exploser ! La morale serait alors de savoir rester humble et d’accepter d’être ce que l’on est, et ne pas chercher à imiter les autres car cela peut être fatal.
Morale de la fable Le Chêne et le Roseau : cette fable ne présente pas des animaux contrairement aux autres, mais deux arbres : un chêne très orgueilleux et un roseau d’une extrême sagesse, tous deux se faisant face. Le vent apparaît comme un troisième personnage qui arbitre le conflit entre les deux arbres et apporte la morale à l’histoire car c’est lui qui a le dernier mot. La Nature reprend le dessus et Jean de La Fontaine termine la fable sur un fait, cas rare et surprenant.
Morale de la fable La Laitière et le pot au lait : Ici, la laitière fabule et imagine ce qu’elle deviendra et gagnera lorsqu’elle aura vendu son pot au lait, car oui, pour elle, tout est déjà acquis ! Or, le pot va tomber et tous ses rêves vont partir en fumée… La morale serait alors de ne pas prendre ses rêves trop tôt pour la réalité et de suivre le célèbre adage : ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Morale de la fable Le Rat des villes et le Rat des champs : Jean de la Fontaine s’intéresse à deux modes de vie mis en avant par deux rongeurs : un rat vivant à la ville et un autre vivant à la campagne. La vie dans les champs, à la campagne, apparaît, à la suite de cette fable, comme plus tranquille que la vie en ville, dite bruyante et recelant de dangers. Ajoutons que le citadin se croit supérieur aux autres, alors qu’il n’en est pas. Jean de La Fontaine dresse ici un tableau des consciences individuelles et collectives de sa société.
Les fables de Jean de La Fontaine contiennent toutes une morale, explicite ou implicite, dans le but d’enseigner aux lecteurs du XVIIe siècle notamment issus, pour la plupart, de la royauté, mais aussi aux lecteurs actuels. La portée des morales reste universelle et intemporelle.
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La morale des fables de La Fontaine expliqué en vidéo
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