
Bruno Bettelheim (1903-1990) est un psychanalyste et pédagogue américain d’origine autrichienne. De confession juive, il fuit l’Autriche en 1939. Aux États-Unis, il devient professeur à l’Université de Chicago et directeur de l’École Orthogénique, établissement destiné aux enfants atteints de troubles autistiques. Il est notamment célèbre pour son ouvrage Psychanalyse des contes de fées, écrit en 1976.
Psychanalyse des contes de fées
Durant toute sa carrière, il a à cœur de comprendre d’où vient l’angoisse de certains enfants et ce qui pourrait l’empêcher. Ses théories sont proches de celles de Julius Heuscher (A Psychiatric Study of Myths and Fairy Tales: their origin, meaning, and usefulness, 1974).
Dans Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim constate que les contes ont une valeur thérapeutique pour l’enfant. Il suggère que ceux-ci aident l’enfant à découvrir le sens profond de la vie tout en le divertissant et en éveillant sa curiosité. Les contes stimulent l’imagination et la curiosité du petit lecteur et l’aident à voir clair dans ses émotions. Mais ils lui servent aussi à prendre conscience de ses difficultés, tout en lui proposant des solutions possibles aux problèmes qui le troublent.
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Retrouvez plusieurs interprétations de contes par Bruno Bettelheim :
La Belle au bois dormant
Bruno Bettelheim voit La Belle au bois dormant comme un récit initiatique pour les jeunes filles. Les règles sont symbolisées par la malédiction, suivies d’un repli sur soi qui n’est autre que le sommeil pendant cent ans dont la figure masculine (le prince) est le sauveur, le libérateur. Ce psychanalyste analyse la fonction des contes de fées sur le psychisme et les émotions de l’enfant, sans jamais faire référence à un prédateur sexuel comme d’autres le soulignent. De plus, il met en avant le lien mère-fils : « la mère œdipienne qui est si jalouse de la jeune fille dont son fils est tombé amoureux qu’elle veut la tuer » (référence à la version de Perrault).
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Hansel et Gretel
Bruno Bettelheim analyse spécifiquement certaines œuvres, dont Hansel et Gretel. Voici ce qu’il en ressort : « La maison de pain d’épices qu’ils trouvent dans la forêt représente une existence fondée sur les satisfactions les plus primitives. Se laissant emporter par leur faim incontrôlée, les deux enfants n’hésitent pas à détruire ce qui devrait leur procurer abri et sécurité, alors que les oiseaux, en mangeant les miettes de pain, auraient dû leur faire comprendre qu’il n’est pas bon de dévorer tout ce qu’on rencontre. En dévorant une partie du toit et des fenêtres de la maison de pain d’épices, nos héros montrent qu’ils n’hésitent pas, par gourmandise, à priver des personnes de leur demeure (ils ont eux-mêmes transféré sur leurs parents leur peur d’être privés de maison en les accusant de vouloir les abandonner pour pouvoir manger à leur faim). »
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Boucles d’or et les trois ours
Ce conte fait aussi l’objet d’une analyse par Bruno Bettelheim, bien qu’il manque des caractéristiques propres aux contes de fées selon lui. En effet, la fin de ce conte n’a rien d’un happy end, « quand elle se termine, il n’y a ni guérison ni réconfort, aucun conflit n’est résolu et il n’y a pas de conclusion heureuse. » Ce conte, très significatif, met en avant la place de l’enfant au sein de la famille et la quête d’identité. Boucles d’or cherche sa place, en essayant la chaise du père, de la mère, puis de l’enfant. Mais la dernière casse sous son poids, comme si Boucles d’or était déjà trop grande…
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Les Trois petits cochons
Pour ce conte, le psychanalyste met en avant le fait que la vie ne se résume pas uniquement au principe de plaisir : les deux premiers petits cochons jouent de la musique et s’amusent, mais leurs fondations s’effondrent tour à tour (faites en paille et en bois). Le dernier petit cochon a des fondations solides (en brique) qui lui permettent de faire face à la réalité, parfois difficile, symbolisée par le personnage du loup.
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Source : Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim, traduit de l’américain par Théo Carlier
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