
Alors que votre enfant apprend à lire, vous vous êtes peut-être déjà interrogé sur les différentes méthodes d’apprentissage. Méthode globale ? Méthode syllabique ? Quelles sont les différences ?
Présentation de la méthode syllabique
La méthode syllabique est une des plus anciennes méthodes d’apprentissage de la lecture. Elle est parfois aussi appelée méthode synthétique ou alphabétique. C’est celle à laquelle on fait référence dans l’expression « le b-a ba« . En effet, elle consiste à apprendre aux enfants les différentes syllabes de la langue française et leur genèse, avant de passer aux mots. Par opposition, la méthode globale commence par les mots, en comptant sur la mémoire visuelle des enfants et leur capacité à retrouver, ensuite, les syllabes.
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Pourquoi y a-t il polémique ?
Bien que la méthode globale n’ait jamais été largement préconisée en France, les enseignants ont pu l’essayer, notamment dans les années 1980, avec des résultats mitigés, désastreux selon ses détracteurs. Elle a été déconseillée par le ministre de l’Éducation Gilles de Robien en 2005, et par le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer en 2018. Cependant, certains enseignants refusent de se voir imposer une méthode et voient la méthode syllabique comme « réactionnaire ».
Aujourd’hui, la majorité des enseignants utilise la méthode syllabique ou une méthode « mixte », reposant sur la méthode syllabique enrichie de « mots clefs » qui permettent aux enfants de commencer assez rapidement à lire quelques mots.
Quels sont les avantages de la méthode syllabique ?
La méthode syllabique, en commençant par le plus simple pour aller vers le plus complexe, est plus instinctive pour les enfants. Ils peuvent donner du sens aux différentes syllabes composant le mot, ainsi que lire des mots qu’ils n’ont jamais vus ou entendus tant qu’ils ne comportent que des syllabes qu’ils ont déjà apprises, ce qui est impossible avec la méthode globale.
C’est aussi une méthode qui peut faciliter l’apprentissage de l’orthographe : quand la méthode globale encourage les enfants à « photographier » les mots, sans comprendre de prime abord le lien entre graphèmes (les lettres écrites) et phonèmes (les sons représentés), la méthode syllabique repose sur la capacité de déchiffrage des enfants. Certaines fautes d’orthographe sont ainsi facilement évitables, il suffit de répéter le mot à voix haute : par exemple, la différence entre « lisez » et « lissez », qui sont deux mots qui se décomposent différemment en syllabes, mais qui sont très ressemblants visuellement. Un enfant qui sait que deux s qui se suivent font le son « s » alors qu’un seul s entre deux voyelles forment le son « z » comprend l’erreur, plutôt que de simplement recopier.
Des neuroscientifiques comme Stanislas Dehaene ont également affirmé que l’efficacité de la méthode syllabique se voyait au niveau statistique mais également cérébral : la méthode globale et la méthode syllabique n’activent pas les mêmes zones du cerveau, et seule la méthode syllabique permet d’activer les mêmes zones que celles d’un adulte habitué à lire.
Même si ânonner des syllabes peut paraître frustrant, cela donne également une certaine autonomie aux enfants : même lorsqu’ils ne connaissent pas encore toutes les syllabes, ils peuvent commencer à lire des phrases en devinant les mots qu’ils ne parviennent pas à lire intégralement. Pouvoir écouter une narration tout en suivant le texte de l’histoire est donc idéal, puisqu’ils peuvent s’entraîner à faire le lien entre les sons et les mots écrits !
Si mon enfant sait lire les syllabes, il sait lire ?
Un enfant qui sait lire toutes les syllabes est un enfant qui sait déchiffrer. Il est capable de décoder des graphèmes en phonèmes : d’une suite de lettres écrites, il tire une suite de sons. Il est au stade de ce que l’on appelle la « conscience phonologique« . Ce n’est pas encore de la lecture, qui demande un décodage sémantique, c’est-à-dire la compréhension du sens.
L’enfant commence par comprendre les mots, pris un à un, puis va peu à peu apprendre à lire des phrases entières, puis un texte. Cela demande de la pratique, car le déchiffrage est d’abord très lent, il faut réussir à se rappeler de tous les mots que l’on a déjà lus pour comprendre la phrase entière… Il faut plus d’aisance, donc de la pratique, pour passer du déchiffrage d’un texte à la véritable lecture.
Cela est vrai quelle que soit la méthode d’apprentissage de la lecture utilisée.
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Des astuces pour apprendre à lire avec la méthode syllabique ?
Laisser l’enfant expérimenter et s’amuser semble être le plus important, quelle que soit la méthode d’apprentissage employée !
La méthode syllabique encourageant le lien immédiat entre déchiffrage d’un mot et lecture du sens, l’apprentissage peut être rendu plus ludique grâce au lien avec le sens des mots : avec des images, par exemple, qui donnent des indices sur le sens de façon simple et amusante. Apprendre les lettres avec des dessins comme moyen mnémotechnique est à la fois ludique et efficace : pourquoi ne pas utiliser un livre comme Nappe comme neige, de Marion Fayolle, où chaque lettre est associée à deux images et deux mots ?
Quand toutes les lettres sont connues et que l’enfant commence à déchiffrer, les images sont toujours utiles : même lorsqu’il ne connaît que quelques syllabes, il peut « compléter » grâce à celles qu’il parvient à lire jusqu’au mot final qu’il a deviné à l’aide de l’image. Un imagier, comme Le Grand imagier de Foxy en français d’Alexande Bonnefoy, Anne-sophie Cayrey et Stéphane Husar, permet de travailler son déchiffrage des mots grâce aux “indices » donnés par les images. C’est également une façon de gagner du vocabulaire, tout seul, comme un grand !
Enfin, il ne faut pas oublier l’écriture, qui peut être une façon pour les enfants de mémoriser ce qu’ils apprennent au fur et à mesure ! L’apprentissage de l’écriture se faisant généralement au même moment que la lecture, mettre en place de petits exercices mêlant les deux est une bonne façon de progresser. C’est également une façon, pour ceux qui apprennent mieux en étant actifs, de manipuler les lettres et les syllabes.
Autres outils et méthodes de lecture
Parmi les outils pour apprendre à lire, le rallye lecture est une activité ludique mise en place par de nombreux enseignant(e)s. Découvrez notre dossier complet sur les rallyes lecture (objectifs et mode d’emploi).
Storyplay’r offre également un module d’aide à la lecture afin d’accompagner les enfants dans leur apprentissage de la lecture. Ce module est composé de divers outils, comme le découpage syllabique, la colorisation des phonèmes et graphèmes, les lettres muettes grisées, le changement de police, etc.
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Sources :
https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Methode-syllabique.html
https://www.revuedumauss.com.fr/media/Terrail.pdf
https://www.pass-education.fr/apprendre-a-lire-avec-la-methode-syllabique/
https://editionsrecrealire.com/module/psblog/module-psblog-blog?id=48