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Axel en voit de toutes les couleurs

Axel en voit de toutes les couleurs

6-8 ans - 57 pages, 9090 mots | 1 heure 07 minutes de lecture | © Dadoclem, 2023, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Axel en voit de toutes les couleurs

6-8 ans - 1 heure 07 minutes

Axel en voit de toutes les couleurs

C’est un jour important pour Axel. Il va intégrer une classe pour la première fois de sa vie, juste avant Noël. Accompagné de sa précieuse Joséphine, il est 100 % prêt à percevoir à sa manière ce nouvel environnement. Petit garçon curieux, il est bien décidé à faire des découvertes colorées avec à ses côtés son chien Juju et ses nouveaux amis.

Un court roman plein de vie, proposé par Mymi Doinet et Anna Griot aux petits lecteurs pour se délecter des mots et des couleurs.

"Axel en voit de toutes les couleurs" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Axel en voit de toutes les couleurs

Axel en voit de toutes les couleurs de Mymi Doinet et Anna Griot aux éditions Dadoclem


Axel en voit de toutes les couleurs
Chapitre 1 Blanc comme un jour de neige Ce matin, il y a un grand changement dans ma vie : moi qui ne suis encore jamais allé en classe, je m’apprête à passer mon tout premier jour à l’école Jacques-Prévert. Ce JP, c’est un auteur qui a écrit de nombreux poèmes, et je viens d’en apprendre un par cœur. Ça parle de peindre une cage avec une porte ouverte et d’attendre patiemment qu’un petit piaf vienne y nicher*. Sauf que j’aurais du mal à dessiner le portrait de cet oiseau, car si je traçais son bec puis ses ailes, chaque détail serait de travers ! Ce matin donc, premier jour de classe, et aussi première semaine du mois de novembre. Ce n’est pas encore tout à fait l’hiver. Pourtant, quand j’ouvre à tâtons la fenêtre, l’air glacial me fouette le visage, pire que si j’avais mis ma tête dans le congélateur. — Il fait moins un dehors, habille-toi chaudement, Axel ! me conseille Tatiana, ma belle-mère, dont la voix résonne de la rue.
Pour Tatiana, ce froid polaire n’a rien d’extraordinaire. La compagne de papa est née en Russie. Elle y a même été danseuse au Bolchoï, le célèbre théâtre de la ville de Moscou. Autrement dit, Tatiana s’y connaît autant en verglas qu’en entrechats ! Je m’empresse de refermer la fenêtre, et marche treize pas de mon lit jusqu’à la salle de bains. Quelques minutes plus tard, douché, rincé, je m’essuie avec ma serviette, m’y enveloppe façon momie, et retourne dans ma chambre en effectuant exactement le même nombre de pas. Dans mon armoire, je saisis sur la pile de gauche le pull le plus chaud, celui dont je reconnais sous mes doigts les mailles tricotées en grosse laine. Je le mets par-dessus mon tee-shirt, puis je prends mon slip et mon pantalon sur la pile de droite, plus mes chaussettes rangées au milieu. J’enfile le tout et me baisse pour chausser mes baskets à scratchs. Leurs crissements alertent aussitôt Junior, mon labrador. Assis sur mon lit, je le salue : — Bonjour, brave truffe ! Pour unique réponse, mon Juju prend appui des deux pattes avant sur mes genoux et me lessive le visage. Vingtneuf kilos de tendresse matinale : ma journée commence archi-baveuse ! La bonne humeur de mon chien est contagieuse, d’autant que ce matin, je
positive en chantant la chanson que j’ai créée hier en m’accompagnant à la guitare : Moi, je voyage dans ma tête, avec mon avion à roulettes. Moi, je voyage sans souci, au-dessus de la Sibérie, et puis de Paris aus… La sonnerie de mon réveil me coupe le sifflet. Sept heures déjà. Escorté par Junior, je passe du premier étage au rez-de-chaussée, et me dirige direct dans la cuisine. Ça sent le pain grillé, le café, les oranges pressées et la colle. L’odeur de la glu vient de chez Maurice, mon père, son atelier-boutique étant situé juste à côté. Papa est luthier. Dans le quartier, on l’appelle « monsieur Mozart », ce qui est mérité : mon père fabrique et répare des instruments de musique à cordes pour des clients venus du monde entier. Je bois mon verre de jus d’orange. Le café, c’est pour Tatiana et papa. Il me demande :
— Tu veux combien de toasts, mon grand ? — Trois, avec du beurre salé, s’il te plaît, p’pa ! J’entends la lame de son couteau qui frotte le pain grillé. Bien rassasié, me voilà prêt à sortir. J’ai ma doudoune, mon bonnet, mon écharpe, mon sac à dos, et puis, il y a toi, ma Joséphine. Patience, je ferai bientôt les présentations. Je m’apprête à filer. Aucune rue à traverser, uniquement des trottoirs à contourner : pour me repérer, j’ai parcouru plusieurs fois le trajet avec Tatiana. Elle s’inquiète cependant pour moi : — Ça va aller, Axel ? Cette nuit, il est tombé beaucoup de flocons. — Pas de souci, Tatia, je prends appui
sur Joséphine ! Ça craque sous mes baskets, comme si je piétinais du sucre glace, signe qu’aujourd’hui, c’est effectivement un jour blanc de neige sur la ville. Savoir distinguer les couleurs, c’est aussi à Tatiana que je le dois. Sentir étant ma façon à moi de voir, elle m’a appris à identifier le blanc en l’associant à l’odeur du lait et des fleurs de lys. Et puis, également blanche comme toi, ma Joséphine : ça, je le sais par papa qui, un jour, t’a décrite en comparant ta blancheur à celle de la crème à la vanille. Nous tournons à gauche. Ici, ça sent les croissants, preuve que nous longeons la boulangerie. Trente enjambées de plus, et nous voici face à l’école Jacques-Prévert. Tous ces comptages depuis mon réveil n’ont pas été de trop, car ce n’est ni un tic ni un toc : moi, Axel, 1,30 mètre, bientôt 9 ans, je suis juste un peu différent…
Chapitre 2 Bleu comme le rire de Zoé-Zélie Je suis aveugle de naissance. C’est ainsi, c’est ma vie. Prête à me guider, une main prend soudain la mienne, et une voix enjouée m’accueille par mon prénom : — Salut, Axel ! Je m’appelle Zoé-Zélie. Je suis déléguée de classe et missionnée pour te piloter, car ici, c’est un vrai labyrinthe ! Je remarque immédiatement : — Merci, Zoé-Zélie ! Double Z, tes parents ont fait très fort en t’appelant comme ça. — Mon nom de famille étant Zéphyr, j’ai même hérité d’un triple Z dès le départ ! Ce qui intrigue d’emblée Zoé-Zélie, c’est que je fasse ma rentrée en plein mois de novembre. Elle cherche tout de suite à en savoir davantage : "Ce n’est pas habituel de débarquer avant les fêtes ! De quel établissement viens-tu, Axel ?"
— D’aucun ! Jusqu’à cet été, je vivais à 600 kilomètres d’ici, près de Lille, mais je n’allais pas en classe. Du CP au mois dernier, c’est Tatiana, ma belle-mère, qui m’a fait l’école à la maison. Courant octobre, elle a été contactée par une grande compagnie de ballet. On a dû rapidement nous organiser autrement ! — Tu veux dire que ta belle-mère est ballerine ? — Mieux que ça : elle a été danseuse étoile ! Je sens que Zoé-Zélie est épatée. J’ajoute : — Il y a trois ans, Tatiana a eu un accident de voiture. Elle a dû cesser ses pointes à haute dose. Maintenant, elle est prof de danse et chorégraphe. Zoé-Zélie en déduit : – Tu me parles de ta belle-mère parce que tes parents ont divorcé ? En confiance, j’en révèle un peu plus : – Non ! Ma mère est morte quand j’avais 5 ans. Quelques mois après, Tatiana est arrivée petit à petit dans la vie de papa… et dans la mienne aussi : après avoir fait une tournée en France, elle s’y est installée. Plus nous échangeons, plus je perçois que Zoé-Zélie est émue par mes confidences. Sans attendre, je décide de partager d’autres souvenirs avec elle : – Maman était vétérinaire. Elle a soigné des dizaines de chiens, de chats, et une quantité de NAC aussi. – Des quoi ?
— Des nouveaux animaux de compagnie, tels que des rats et des caméléons. Un soir de décembre, ma mère a entendu de faibles jappements venant de dehors. Derrière la porte, un chiot tremblotait. Il portait un collier mais sans aucune indication pour que l’on puisse retrouver ses maîtres. Ce chien, nous l’avons adopté : c’est Junior, mon labrador, mon complice baveux depuis quatre ans. Zoé-Zélie continue ensuite à me piloter dans les couloirs. Soudain, elle stoppe net. — Nous sommes arrivés dans notre classe, Axel ! Le prof, lui, fait toujours son entrée vingt secondes après la sonnerie. Voilà pourquoi on peut dire que