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Claire et l'oiseleur

Claire et l'oiseleur

9-12 ans - 16 pages, 1737 mots | 14 minutes de lecture | © Fédération des Œuvres Laïques de l'Ardèche, 1990, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Claire et l'oiseleur

9-12 ans - 14 minutes

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Claire est une petite fille qui vit heureuse, avec ses parents, dans la montagne ardéchoise. Un incendie ravage la montagne et la maison. Les voilà tous précipités à la ville. Claire ne grandit que si on l’aime et elle a l’impression de ne plus être aimée. Elle devient petite, petite, petite. Sauf pour Pierre, l’oiseleur, qui siffle comme les oiseaux. Il part à sa recherche la veille de Noël.

"Claire et l'oiseleur" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Raconté par Sophie

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Extrait du livre Claire et l'oiseleur

On aurait pu croire que c'était une poupée tant ses joues étaient roses, sa bouche vermeille et ses cheveux légers. Mais sitôt qu'elle posait son regard sur les choses, qu'elle souriait à quelqu'un ou à rien, qu'elle babillait avec les lézards qui se chauffent au soleil sur les pierres du mur en faisant battre leur gorge grise, on savait qu'elle était une vraie petite fille. Ses parents l'avaient appelée Claire parce qu'elle ressemblait à l'eau vive d'une source. Son père, Louis, était grand et fort. Il avait le visage tanné par le soleil des étés et le froid des hivers. Ses sourcils étaient broussailleux mais son regard était bon. Sa mère, Elodie, riait souvent. Elle ne cessait de relever la mèche de cheveux blonds qui lui tombait sur le visage. Elle ne se servait pour cela, que du dos de ses mains parce qu'elles étaient toujours mouillées ou souillées par les incessants travaux de ménage.


Louis, Elodie et Claire habitaient une maison de pierre sur une montagne qui faisait le dos rond en s'appuyant contre le ciel. C'était une vieille maison que les grands- parents de Louis avaient bâtie tout près de la forêt. Ils avaient construit des murets et des murets pour tenir la terre sur les pentes. Plus les pentes étaient fortes, plus les murs étaient nombreux. Ils avaient planté partout des arbres hirsutes qui donnaient des prunes bleues à la chair de miel et des pommiers de plein vent dont les fruits amusaient le palais et agaçaient les dents. Ils avaient aussi enlevé, une à une, toutes les pierres - même petites comme le pouce - d'un enclos pour en faire un jardin. Ils avaient établi encore, contre la façade au midi, près de la porte de la cuisine, un banc de granit où chacun, depuis toujours, venait se reposer quand il en avait envie. On y voyait le monde de haut.
Claire aimait surtout les soirs d'été où ses parents s'asseyaient sur le banc, l'un à côté de l'autre. Elle se coulait délicieusement contre eux, au milieu d'eux, et elle regardait, comme eux, la nuit se glisser lentement dans la vallée, submerger les peupliers immobiles puis effacer les châtaigniers centenaires sur les pentes. «Maintenant que la nuit est montée jusqu'à nous, disait Elodie, il faut aller dormir ! » Et quand Claire l'embrassait, elle ajoutait : «Comme tu grandis, ma Claire ! Comme tu grandis». C'était vrai. Louis en convenait. Il remarquait même, la première surprise passée, que plus leur fille était heu- reuse, plus elle grandissait. «C'est comme, disait-il en riant, si elle se nourrissait de bonheur...» Et puis il s'attristait à la pensée que si Claire était un jour délaissée, elle s'étiolerait peut-être... Pouvait-il pressentir le malheur qui allait les frapper ?