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Fake news : tout sur la désinformation

Fake news : tout sur la désinformation

13-15 ans - 60 pages, 15668 mots | 1 heure 54 minutes de lecture | © Les 400 coups, 2023, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Fake news : tout sur la désinformation

13-15 ans - 1 heure 54 minutes

Fake news : tout sur la désinformation

Qu’est-ce que les fausses nouvelles (fake news)? Et qui les crée? Sur Internet et les réseaux sociaux, on trouve quotidiennement des images et des vidéos manipulées, des théories du complot, des hypertrucages (deepfake) et des robots (bots) qui tentent de nous piéger. En plus, nous pouvons être complices sans le savoir et contribuer au chaos de la désinformation. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir des outils pour vérifier ce qui est vrai et ce qui est faux.

 Dans ce documentaire, Nereida Carrillo donne des explications éclairées à propos de tout ce qui entoure la désinformation. Elle outille le lecteur afin qu’il devienne alerte et critique face au flot d’informations qui lui est proposé. Les illustrations d’Alberto Montt, à la fois drôles et conceptuelles, appuient le texte avec une vive intelligence.

"Fake news : tout sur la désinformation" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
Dans la même collection : Voir plus

Extrait du livre Fake news : tout sur la désinformation

Fake news : tout sur la désinformation de Nerreida Carrillo et Alberto Montt aux éditions Les 400 coups


Fake news : tout sur la désinformation
CHAPITRE 1 : FAKE NEWS Qu’est-ce que c’est ? As-tu déjà entendu parler de désinformation, d’infodémie, de deepfakes ou encore d’astroturfing ? Que sais-tu des fake news, ou fausses nouvelles ? Mets tes connaissances à l’épreuve grâce à notre jeu-questionnaire de la désinformation, puis consulte le glossaire inclus dans ce chapitre pour en apprendre davantage. Aimes-tu les casse-têtes ? Tu en as sûrement déjà fait plusieurs. Certains sont tout un défi. Mais quelle sensation gratifiante quand on réussit à en terminer un ! S’informer, c’est comme assembler un casse-tête : il faut emboîter toutes les pièces correctement pour reconstituer l’image complète. Ce n’est pas toujours évident. D’abord, on peut classer les morceaux par couleurs pour se faciliter la vie. Mais quoi qu’on fasse, certains d’entre eux restent difficiles à placer. Ces pièces qui ne vont nulle part, mais qui semblent faire partie du jeu, ce sont les fausses nouvelles. Elles nous empêchent de voir l’image complète.
Teste tes connaissances Le jeu-questionnaire de la DÉSINFORMATION On se réchauffe avec un petit test ? Voyons voir combien de bonnes réponses tu peux obtenir ! 1. Si l’autobus ne passe pas à l’heure à laquelle tu l’attendais parce que tu as consulté les vieux horaires, tu avais… A. de l’information erronée. B. de l’information malveillante. C. de l’infodémie. 2. Si quelqu’un se moque de l’apparence physique d’une personne sur les réseaux sociaux il répand… A. des shallowfakes. B. de la polarisation. C. de l’information malveillante. 3. Si tu cherches le mot « PDG » (président-directeur général) et que Google Images te renvoie surtout des images d’hommes, cela est dû à… A. l’algorithme. B. un haineur. C. un robot. 4. Les personnes qui se consacrent à vérifier les rumeurs dans les réseaux sociaux et les discours politiques s’appellent… A. des astroturfers. B. des vérificateurs de faits (fact-checkers). C. des robots. 5. La manipulation de pistes audios ou de vidéos au moyen de l’intelligence artificielle s’appelle… A. hypertrucage. B. cheapfake. C. surcharge d’information. 6. Quand quelqu’un diffuse sans cesse des photos et des vidéos manipulées pour attiser la haine contre des personnes migrantes, il mène alors une campagne… A. de désinformation. B. d’information erronée. C. d’hypertrucage.
GLOSSAIRE Alors, comment a été le jeu-questionnaire ? Connaissais-tu toutes les bonnes réponses ? Consulte le glossaire qui suit pour en apprendre davantage. FAUSSE NOUVELLE (FAKE NEWS) : Le terme fake news est très répandu, mais son usage manque de rigueur. Les journalistes doivent vérifier l’information avec laquelle ils travaillent avant de la publier, car aucun mensonge ne doit devenir une nouvelle, pas plus que les nouvelles ne peuvent contenir de faussetés. Le concept de fake news est donc tendancieux (eh non, les mots ne sont pas neutres !). Il vise à discréditer les journalistes et les médias en les associant à de l’information fallacieuse. Cette dernière ne se présente pas seulement sous forme de nouvelle, mais aussi de photos, de vidéos, de tweets, etc. DÉSINFORMATION : Par conséquent, nous devrions plutôt parler de désinformation, c’est-à-dire d’information fausse, inexacte et mensongère, distribuée intentionnellement dans le but de tromper. C’est très dangereux ! Cela nuit à la société, à la démocratie, à la santé publique, etc. INFORMATION ERRONÉE : Information fausse que quelqu’un diffuse en croyant qu’elle est vraie. Dans ce cas, il s’agit d’une erreur humaine. Cela peut arriver à tout le monde ! Mais bien sûr, sans le vouloir, nous contribuons ainsi au « bruit », c’est-à-dire au fait qu’il existe une grande quantité d’information douteuse et sans valeur qui confond les gens. C’est pourquoi il faut être très prudent et faire des vérifications avant de publier quoi que ce soit. DÉSORDRE INFORMATIONNEL : L’information est complexe, à l’image du monde dans lequel nous vivons. Et cela peut devenir problématique. On appelle désordre informationnel tout ce contenu qui nous arrive pêle-mêle d’Internet, à travers les réseaux sociaux ou par d’autres moyens et qui peut nous causer des soucis dans notre vie quotidienne. Selon First Draft, une organisation de référence en matière de recherche en désinformation et vérification numérique, la désinformation, l’information erronée et l’information malveillante contribuent au désordre informationnel. INFORMATION MALVEILLANTE : Contenu qui porte préjudice à un individu ou à une communauté. L’intimidation, la pornodivulgation (revenge porn) ou les insultes sont des exemples d’information malveillante. Les discours haineux en sont un autre. On ne doit pas partager ces publications ni en être complice. Au contraire, il faut aider les personnes qui en souffrent, mettre un frein aux agresseurs et faire preuve d’empathie.
ESPÈCES PRÉDATRICES DE LA FAUNE VIRTUELLE ROBOTS (BOTS) : Comptes automatisés. Jusqu’ici, aucun problème. Toutefois, ces comptes ne sont associés à personne. Ils sont souvent employés sur les réseaux sociaux pour diffuser de la désinformation et de la propagande. Et ça, c’est un problème. Les générateurs de robots sont des entreprises qui vendent de tels comptes à ceux qui souhaitent augmenter leur nombre d’abonnés ou répandre des mensonges. TROLLS : Comptes qui se consacrent à « troller », c’est-à-dire à attaquer quelqu’un, à provoquer, à critiquer férocement dans le but d’enflammer les réseaux sociaux. Souvent, ces trolls se cachent derrière des comptes anonymes. HAINEURS (HATERS)  : Ces personnes sont motivées par la haine, mais ne se cachent pas nécessairement derrière l’anonymat. De plus, leur animosité se concentre surtout sur une personne ou un sujet en particulier. HYPERTRUCAGE (DEEPFAKE) : Les hypertrucages sont des images, des vidéos ou des pistes audios fallacieuses fabriquées ou manipulées par l’intelligence artificielle. Bien que les hypertrucages soient très réalistes et sophistiqués, on peut parvenir à les démasquer. SHALLOWFAKES ET CHEAPFAKES : À la différence des hypertrucages, les shallowfakes ou cheapfakes sont ces vidéos ou pistes audios où la manipulation est moins réussie, car faite à la main. Leurs auteurs font certainement de leur mieux pour contrefaire l’information, mais les machines restent plus précises. QUI EST RÉEL ? Les hypertrucages peuvent remarquablement berner les yeux et les oreilles des humains. Nous te proposons un jeu pour te permettre de constater à quel point ils peuvent être convaincants. Il s’agit de distinguer, en observant deux photos de personnes, qui est réel et qui ne l’est pas. C’est moins évident qu’il n’y paraît ! Ça l’est encore moins quand aucun avertissement ne te prévient qu’un des deux portraits montre une personne fictive. Si tu croisais une telle image sur les réseaux sociaux, tu n’y verrais que du feu.
PROPAGANDE  : Information qui peut être vraie ou fausse, mais qui, dans tous les cas, cherche à convaincre le public d’adopter une position politique déterminée. Les mensonges et la désinformation sont eux aussi des stratégies de propagande. Durant les conflits, ce type de contenu présente un des deux camps comme étant très bon ; et l’autre, comme étant très mauvais et en perte de vitesse. Au XXIe  siècle, beaucoup de propagande circule sur les réseaux sociaux. CONTREFAÇON D’OPINION (ASTROTURFING) : On appelle contrefaçon d’opinion la publication d’information fallacieuse dans le but de tromper les journalistes et d’autres publics. Cette information fausse est relayée par différents comptes en apparence sans lien entre eux. On cherche ainsi à simuler une interaction naturelle et organique en faveur de quelqu’un, d’une entreprise ou d’une idée. L’origine du mot « astroturfing » vient d’une marque nord-américaine de gazon artificiel qui imite le gazon naturel. Il met en évidence le caractère artificiel d’un échange sur Internet qui semble spontané, social et naturel, alors qu’il est loin de l’être. Le Web nous permet d’avoir accès à une grande quantité d’information, et c’est une très bonne chose, mais parfois… c’est épuisant. Pour ne pas perdre la tête, il faut avoir des filtres pour mettre de l’ordre dans ce chaos ; bien choisir ses sources. Face à la surcharge de données, nous devons suivre un régime informatif sain. As-tu déjà été dérangé parce que ton cellulaire n’arrêtait pas de sonner ? Es-tu angoissé à l’idée de ne pas avoir le temps de tout voir ce qui se passe sur Instagram ou sur YouTube, de lire tous tes messages sur Messenger ? Eh bien, c’est tout à fait normal. C’est une sensation provoquée par l’infodémie ou l’infoxication. INFODÉMIE : Ce terme fait référence à la surabondance de contenu qui complique l’accès à l’information vérifiée quand nous en avons besoin. Le concept a été largement utilisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au début de la pandémie de COVID-19. INFOXICATION : Le père de ce mot est le consultant en innovation pour entreprises, Alfons Cornella. Il l’a créé il y a une vingtaine d’années pour désigner la surcharge d’information. À l’époque, les réseaux sociaux n’existaient pas encore, mais les courriels étaient déjà très abondants.
HAMEÇONNAGE (PHISHING) : As-tu déjà reçu un message où l’on t’offrait un téléphone ? Ou un autre t’annonçant qu’un colis t’attendait à la poste et qu’on avait besoin de tes données personnelles ? Un courriel prétendument envoyé d’une banque ? Attention ! Parfois, certains contenus ressemblent à des publicités ou à des communications sérieuses, mais en réalité… c’est un piège ! On appelle hameçonnage le fait de te demander tes données personnelles pour te frauder, pour voler ton identité et t’extorquer de l’argent ou pour t’inciter à cliquer sur un lien malveillant dans le but d’introduire un virus dans ton appareil. Ne clique pas, ne partage pas tes informations personnelles ; attention aux fausses publicités ! ALGORITHME : Il s’agit d’un ensemble d’instructions ou d’étapes pour accomplir une tâche déterminée. Par exemple, quand nous demandons à Google d’effectuer une recherche, l’algorithme exécute chacune des étapes à réaliser pour présenter les résultats. En fait, les algorithmes sont utiles, car ils permettent d’automatiser certains processus, mais leur fonctionnement suscite aussi la controverse. Dans les moteurs de recherche et sur les réseaux sociaux, ce sont eux qui décident du contenu qui est affiché. On leur reproche leur manque de transparence et leurs préjugés (de genre, de race, etc.) POLARISATION : Les algorithmes des réseaux sociaux nous suggèrent toujours des trucs qui nous plaisent beaucoup pour nous garder accrochés. Autrement dit, ils nous montrent du contenu avec lequel nous sommes à l’aise et qui nous conforte dans nos croyances. Le problème, c’est que cela provoque ce qu’on appelle la polarisation : peu à peu, les opinions ne se mêlent plus, il n’y a plus de place pour les nuances ou le doute. Au contraire, les idées se situent sur deux pôles opposés, tout est noir ou blanc et il n’y a plus d’échanges. VÉRIFICATION (FACT-CHECKING) : Vérifier l’information. C’est ce que fait le journalisme depuis des temps immémoriaux. De nos jours, le terme est toutefois aussi utilisé pour la vérification des faits menée par des professionnels travaillant pour des vérificateurs ou fact-checkers. Ces organismes ont pour mission de démasquer les rumeurs et les mensonges en circulation sur Internet et de vérifier si ce que disent les acteurs politiques dans leurs déclarations et leurs discours est vrai. VÉRIFICATEURS AU CANADA : Les Décrypteurs, L’Agence Science-Presse. VÉRIFICATEURS EN FRANCE ET EN BELGIQUE : AFP Factuel, HoaxBuster, Disinfocheck, DE FACTO VÉRIFICATEURS À L’INTERNATIONAL : Ils sont très nombreux et plusieurs d’entre eux font partie de l’International Fact-checking Network.
CHAPITRE 2 : LOUPS ET PINOCCHIO Qui nous ment et pourquoi ? Tout le monde a déjà menti pour éviter d’être grondé ou d'avoir l'air ridicule. Mais quand le mensonge est partout et cause du tort… Houston, nous avons un problème ! Bip-bip. Tu as reçu un message du groupe familial sur Messenger. Bip-bip. Quelqu’un a commenté ta dernière publication sur Instagram. Bip-bip. L’école t’envoie des directives par courriel. De nos jours, l’information nous cherche et nous rattrape 24 h sur 24, de façon ininterrompue. Les réseaux sociaux et les téléphones cellulaires nous permettent d’accéder à tout moment à des millions d’articles des quatre coins du monde. Mais c’est une arme à double tranchant. Grâce à eux, nous pouvons trouver du contenu incroyable, c’est vrai ! Hélas, ils nous entraînent aussi dans une tempête de notifications assorties de fausses nouvelles.