Extrait du livre L'île aux loups
L'île aux loups de Marie-Hélène Lafond et Maire-Pierre Emorine aux éditions ZéTooLu
L'île aux loups
Lorsque Tilik arrive au bord de la rivière, l’aube se lève à peine. Essoufflé par sa chevauchée, il reste immobile quelques instants. Il respire à pleins poumons l’air frais de la steppe. Tilik descend enfin de son cheval et accroche les rênes de sa monture à un gros buisson de fleurs jaunes.
Il s’avance le long de la berge, scrute le sol. Là ! Des empreintes. Elles sont récentes, bien visibles dans l’herbe basse. Tilik met un genou à terre pour mieux les observer. Ce sont celles d’une jeune antilope. Elles indiquent l’emplacement du gué. L e garçon lève alors les yeux : au milieu de la rivière, l’île émerge de la brume, tel un vaisseau fantôme.
Pour rejoindre l’île, Tilik entre dans l’eau froide et tumultueuse. Il progresse malgré le fort courant et les galets glissants. Sentant à nouveau la terre ferme sous ses pieds, Tilik pousse un soupir de soulagement. Sur l’île règne un silence troublant. Pas un seul bruit. Pas même le chant d’un oiseau. C’est comme si le temps s’était arrêté. Les troncs blancs des bouleaux, serrés les uns contre les autres, accentuent cette ambiance oppressante.
Une soudaine bourrasque glacée le ramène à la réalité. Au même instant, dans le feuillage, retentissent les trilles d’une alouette. La forêt prend vie. Tilik s’enfonce avec prudence entre les arbres. Une forte odeur d’humus flotte dans l’air. De petits animaux s’enfuient dans les taillis à son passage. Tous ses sens en éveil, le garçon ne quitte pas le sol des yeux, à la recherche de la moindre trace. Il parcourt ainsi une dizaine de mètres lorsqu’il entend un bruit dans les fourrés.