Extrait du livre La poule aux œufs cubes
La poule aux œufs cubes de Jean-Pierre Kerloc'h et Bérengère Delaporte aux éditions L'Elan Vert
La poule aux œufs cubes
Galinette se souvenait parfois du temps où elle avait été un bébé poussin sortant de son œuf. Bien au chaud dans une boîte. Maintenant, c’était une poule enfermée dans une minuscule cage. Avec des dizaines d’autres poules, dans d’autres cages, serrées les unes à côté des autres ; les unes sur les autres ; les unes sous les autres. Elle était la seule poule rose, au milieu des poules blanches. Comme toutes les poules, chaque jour, elle pondait un œuf... et chaque jour, l’Homme venait prendre son œuf.
Un beau matin, Galinette ouvrit grand son bec. Elle osa dire ce que les autres poules n’avaient jamais osé dire. — Cela ne peut plus durer. Si l’Homme ne volait pas nos œufs, nous pourrions peut-être avoir des poussins. — Mais, répondit la plus vieille des poules, même si nous avions des poussins, ils seraient prisonniers eux aussi. — J’ai une idée, s’écria une jeune poule, faisons la grève : désormais, nous ne pondrons plus un seul œuf.
La vieille poule n’était pas d’accord pour faire la grève. — Prenez garde. Je sais que l’Homme mange nos œufs, et quand une poule ne pond plus, il l’emporte ; et je l’ai entendu dire qu’elle passait à la casserole et devenait un bouillon de poule. Une casserole ? Un bouillon ? Les poules ne savaient pas ce que c’était. Ça devait être horrible. — Puisque c’est comme ça, répondit la jeune poule, nous pondrons des œufs immangeables.