
Conteuse chez Storyplay’r, je prête ma voix pour que vous puissiez vous évader dans l’imaginaire de l’album jeunesse. Depuis près de 15 ans, je lis de la littérature jeunesse et parfois, parmi la multitude de titres, un album sort du lot. La sélection que je vous présente ici est le fruit des émotions vécues en navigant dans la bibliothèque de Storyplay’r.
Gros ours ?
Gros ours à du vague à l’âme et son amie le questionne sur les causes possibles. C’est doux, tendre, juste, sans pathos et pas « gnangnan ». Rares sont les livres pour les tout-petits, dès 18 mois, qui visent aussi juste. Je le lis, le relis, le fais lire. Enregistrer et jouer les mots de Lisa Blumen, je ne m’en lasse pas et ça fait longtemps que ça dure. Bref, un premier album pour les tout-petits grandement magnifique !
Un rêve de liberté
En 1965, une femme médecin, divorcée, vient s’installer dans une petite ville avec sa fille Claire qui doit s’adapter à sa nouvelle vie. Heureusement, elle rencontre Sylvie, sa voisine de classe, avec qui elle va découvrir les majorettes alors que les mamans vont se soutenir mutuellement dans cette société qui voit les prémices du changement de la place des femmes. Tout d’abord il y a la thématique : l’émancipation des femmes. Puis il y a les mots de Marion Le Hire de Fallois qui m’émeuvent à chaque fois. Et enfin la collection, « Un jour ailleurs », éditions Kilowatt, une série de fictions/docu, qui par la « petite histoire » nous fait découvrir la « grande histoire ».
Jean-Pierre la brebis
Une brebis, Jean-Pierre, très proche de son berger, se pose des questions existentielles car elles se sent différente de ses congénères. Jusqu’au jour où, armée d’un grand courage elle ira affronter le loup qui menace le troupeau… Ma première rencontre avec ce livre a été physique, sur le stand des éditions L’âne bâté et j’ai tellement rit lors de cette première lecture que je l’ai de suite acheté et fait lire aux amis que je croisais sur le salon. J’aime la qualité et surtout la concision du texte, et l’efficacité des illustrations. On frôle l’absurde mais le propos est fort, sur la confiance et l’amour. Je ne vous dévoilerai pas la fin tant elle est inattendue, je n’ai donc qu’un seul conseil : Lisez-le !
Le cadeau de mémé loup
Un loup reçoit un cadeau de la part de sa mémé. Il ouvre le paquet impatient, regarde ce que c’est, et ça ne lui plaît pas ! Déçu, il décide de l’offrir à son voisin à qui ça ne plaît pas non plus et à son tour l’offre à son voisin… jusqu’à ce que le cadeau revienne chez le loup, pour une fin que j’adore ! Le tout servi par des illustrations qui complètent le texte, on voit en image ce qu’imaginent les différents protagonistes, ce qui donne encore un autre niveau de lecture à l’histoire. J’aime avant tout le dynamisme de cet album, ça court, ça crie, ça fait des blagues ! Cette histoire s’inspire des ressors du conte traditionnel La clé d’or des frères Grimm, et c’est ça aussi qui est bien !
Moi mon papa
Deux petits garçons, sur la plage, rivalisent d’arguments et de surenchères quant aux qualités de leur papa. Au-delà des magnifiques illustrations d’Arnaud Nebbache, le texte de Myriam Ouyessad a su capter avec justesse les dialogues d’enfants, de ceux qui veulent toujours être meilleurs que les autres, les adeptes de la surenchère, les menteurs nés, bref des conflits de châteaux de sable. Mais il y est surtout question de la norme, de ce qui fait notre singularité, et si notre force était d’être différent, de vivre dans une famille différente ?
Ne m’embrassez pas… (je suis très bien comme ça !)
Aujourd’hui est un jour spécial, comme il n’en arrive que tous les 100 ans, des princes arrivent pour embrasser les grenouilles et les transformer en princesse, toutes sauf une ! Un pied de nez aux contes qui cantonnent les femmes dans le cliché trop répétitif des innocentes jeunes filles sauvées par des princes. Tullio Corda signe là un album tout en douceur mais terriblement engagé.
Le grand écart
Le parcours d’une petite fille migrante qui va trouver le moyen de comprendre ce nouvel univers qui l’entoure. Parce que le thème du déracinement y est abordé à hauteur d’enfant, tout en délicatesse et que les illustrations de Lucie Albon apportent de la légèreté. Parce que c’est la preuve que l’on peut aborder tous les sujets avec les plus jeunes. Parce que les mots de Thomas Scotto sont toujours si justes, si vous ne le connaissez pas déjà, courez le découvrir !