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Hôtel Bordemer Tome 1 : Tous aux fourneaux

Hôtel Bordemer Tome 1 : Tous aux fourneaux

9-12 ans - 36 pages, 7832 mots | 58 minutes de lecture | © Fanny Joly Numérik, 1999, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Hôtel Bordemer Tome 1 : Tous aux fourneaux

9-12 ans - 58 minutes

Hôtel Bordemer Tome 1 : Tous aux fourneaux

Dans l'hôtel de papa, tout se passe en général pour le mieux. Mais il y a des jours où le monde s'écroule. C'est ce qui s'est passé lorsque Mme Simone, la cuisinière, est tombée malade et que papa a dû l'accompagner à l'hôpital, en me laissant sur les bras un problème de taille : préparer le déjeuner pour les clients...

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Extrait du livre Hôtel Bordemer Tome 1 : Tous aux fourneaux

Tous aux fourneaux Tome 1 De Fanny Joly Editions Fanny Joly Numerik


Chapitre 1 Une vie, "deux étoiles" L'hôtel, la plupart des gens rêvent d'y aller en vacances. Moi c'est le contraire : j'y vis toute l'année ! Mon rêve, parfois, ce serait d'en partir... Parce que vivre à l'hôtel, croyez-moi, ce n'est vraiment pas des vacances ! C'est logique, quand on y réfléchit : pourquoi les gens vont-ils à l'hôtel ? Pour ne rien faire, s'ins­taller dans une belle chambre, se mettre les doigts de pied en éventail, se prélasser sur des fauteuils bien rembourrés, déguster des jus de fruits frais et des croissants croustillants au petit déjeuner... Alors évidemment, nous, les doigts de pied, on les a plutôt en compote vu qu'on n'arrête pas de s'agiter pour servir les clients. Les belles chambres leur sont réservées... La mienne est au sous-sol sur cour. Si je veux voir la mer, il faut que j'épingle un poster sur le mur 1 Les fauteuils, on les nettoie, on les répare, mais on ne s'y assied jamais. Les confitures, on les fabrique nous-mêmes avec les fruits du verger de Joseph, qu'on passe des heures à arroser, puis à ramasser, puis à éplucher... Quant aux croissants, c'est moi qui dois aller les chercher tous les matins, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il fasse quarante degrés... Je m'explique. Ou je me présente, plutôt. Mon nom est Georges-Albert Bordemer. Borde­ mer, oui, c'est mon vrai nom. Beaucoup de gens
pensent que c'est un nom inventé pour faire bien sur l'enseigne de l'hôtel vu qu'il se trouve pile au bord de la mer. Pas du tout. C'est notre vrai nom. Notre nom de famille depuis Napoléon. Et même avant, probablement. (Pourquoi est-ce que ma famille s'arrêterait brusquement à Napoléon ?) Georges­ Albert Bordemer, donc. Georges parce que c'est le prénom de mon grand-père paternel. Et Albert, vous vous en seriez doutés, c'est le prénom de l'autre grand-père, le père de ma pauvre maman qui est morte quand j'étais tout petit. L'un des seuls souvenirs qu'elle m'a laissés c'est une photo où on me voit, bébé, dans ses bras avec un petit bonnet en dentelle... Aujourd'hui, je ne mets plus de bonnets en dentelle. J'ai dix ans. Et même si je ne suis pas le plus grand de la classe, je ne suis pas non plus le plus bête. La maîtresse, Mademoiselle Lacraie, dit même souvent que si tous les élèves étaient aussi intelligents que moi, son métier serait un paradis. Je n' aime pas trop quand elle dit ça parce qu'après je le paie cher, quand tous les copains me tombent dessus à la récré. Ce n'est tout de même pas ma faute si je suis premier en français, en maths, en histoire, en géo... Je crois que ça irait plus vite de dire en quoi je suis dernier : en gym ! C'est sûr, en gym, je suis mauvais depuis... depuis qu'on fait de la gym, en fait ! Mais ça ne veut pas dire que je ne
vais pas progresser. Je m'entraîne. Et comme dit Mademoiselle Lacraie : « Chacun peut progresser, il suffit de travailler ! » Mais revenons à l'hôtel Borde­mer. Il est effectivement au bord de la mer. S'il était plus au bord, même, on tomberait dedans ! Quand la tempête se lève, on croirait que les vagues vont déferler au milieu des tables de la salle à manger. Et quand il fait beau, on a l'impression que les mouettes vont venir picorer dans les assiettes. Dans l'équipe de l'hôtel, on est six et demi Ue compte un demi pour Ludwig dit Bébé Lu, le fils de Guitte, la femme de chambre, bien que souvent il compte plutôt pour dix, j'en reparlerai). Le patron, c'est mon père, Henri Bordemer. Si vous voulez lui faire plaisir, il faut lui dire que je lui ressemble. À moi, ça me fait moins plaisir. Ce n'est pas que je ne l'aime pas, mon papa, au contraire. Mais c'est qu'il a tellement de soucis... Entre la comptabilité, les soucis, les provisions, les soucis, le planning, les soucis... Il ne s'amuse pas !
J'aimerais m'amuser un peu plus que lui, dans la vie ! À la cuisine, il y a Madame Simone, qui est là depuis si long­temps qu'elle a même connu papa avant qu'il rencontre maman. Il y a aussi Joseph, le jardinier­ inventeur-amoureux-de-ses-légumes-et-de-ses-fruits. Un type incroyable. Vraiment formidable. Malgré nos soixante ans de différence, c'est vraiment un de mes meilleurs copains. Et puis il y a Rosy, la petite­ fille de Joseph. Elle vit ici avec lui, car ses parents sont toujours partis : ils vendent des fleurs sur les marchés. Cette Rosy, c'est un cas. Elle a dix ans. Elle est grande comme une perche. Rosy, c'est un peu le contraire de moi : à l'école, j'aurai plus vite fait de dire en quoi elle est première : en gym ! Uniquement. Et heu­reusement, en un sens, parce qu'il faut voir, déjà, comment elle la ramène avec ses notes de gym ! Certains jours j'ai envie de la pousser du haut de la falaise tellement elle m'énerve... D'autres fois, on s'amuse comme des fous et je me dis que, sans elle, la vie serait d'un ennui mor­tel... Bref, entre elle et moi, ça change tout le temps. Sauf qu'il n'y a pas de bulletin météo pour prévoir si ça va tourner à l'orage ou au ciel sans nuages...
Chapitre 2 Madame Simone bougonne Il y a des jours où on sent que ça démarre de travers. Le matin de l'histoire que je veux vous raconter, ça démarrait tout à fait comme ça. Pour commencer, j'avais oublié de changer le réglage de mon réveil. À sept heures, il a sonné comme si je devais partir à l'école. J'ai com­mencé à m'habiller : plus de slips dans mon tiroir à slips ! (Évidemment, la lessive des clients passe avant la mienne...) Et c'est là que, brusquement, j'ai réalisé qu'on était samedi. Je suis retombé comme un ballon dégon­flé. Quel crétin ! J'aurais pu rester encore au lit ! Ça m'a tel­lement vexé que je n'ai pas pu me rendormir ! Et moins je dormais, plus je m'énervais ! Double, triple, quadruple crétin !