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Mystère au pays des myrtilles

Mystère au pays des myrtilles

9-12 ans - 68 pages, 12027 mots | 1 heure 28 minutes de lecture | © Amaterra, 2021, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Mystère au pays des myrtilles

9-12 ans - 1 heure 28 minutes

Mystère au pays des myrtilles

L’angoisse monte dans les pâturages de Bourfahy : les moutons de Brimbelle et Fricadel Frisotis disparaissent les uns après les autres. Les deux jeunes bergers sont bien décidés

à mener l’enquête.

Qui se cache derrière cette machination diabolique ?

Trouveront-ils la clé du mystère ?

"Mystère au pays des myrtilles" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
Du même éditeur :

Extrait du livre Mystère au pays des myrtilles

Mystère au pays des myrtilles de Pascal Bettochi aux éditions Amaterra.


Mystère au pays des myrtilles
Prologue — Roule doucement, on pourrait nous entendre ! Le pare-brise fumé de la vieille camionnette ne permettait pas de voir le visage de celui qui venait de prononcer cette phrase. Sa voix était rauque et peu mélodieuse. Elle
avait des intonations graves, un peu comme celle des bandits dans les films. — Ne t’inquiète pas, je vais me garer assez loin, on ne nous verra pas. Le chauffeur semblait calme. On devinait à sa façon de répondre qu’il était sûr de lui. Il s’amusait de voir que son complice était nerveux. Il continua d’un ton péremptoire : — Je te rappelle que c’est moi qui ai eu l’idée de ce kidnapping, alors fais-moi confiance. Maintenant enfile ta cagoule, et plus un mot. Je vais couper le moteur et nous nous faufilerons par le sentier. Il ne nous entendra pas arriver. — D’accord. D’autant plus qu’il paraît qu’il a une fâcheuse tendance à s’endormir durant son travail, d’après les rumeurs dans la vallée. J’aimerais vraiment que ça se passe vite et sans bavure. Ça m’ennuierait d’avoir à l’assommer, ajouta l’individu à la voix rocailleuse. Descendu de la vieille estafette, il fut pris d’une violente quinte de toux. Il se racla la gorge et cracha comme un gros dégoûtant au pied d’un sapin. C’était la toux d’un fumeur. Un sombre personnage qui devait peu dormir la nuit. Peut-être victime d’insomnies ? Les deux quidams patibulaires se glissèrent dans les fourrés. Après quelques minutes, ils atteignirent un pâturage où paissait un troupeau de moutons. Celui des deux qui paraissait être le chef fit signe à son complice de s’aplatir. Ils observèrent la scène. Un jeune homme était nonchalamment étendu au pied d’un chêne et semblait surveiller d’un oeil mi-clos ses bêtes, qui mangeaient
tranquillement. — Nous y voilà ! Bigre, tu avais raison. Il dort à moitié, ce nigaud. Hé, hé ! Range ta matraque, ça va être du gâteau. — Tant mieux, répondit l’autre, je n’étais même pas sûr de savoir encore m’en servir. Les deux gredins sortirent une boîte de tampons d’ouate, un flacon de chloroforme et… Hop ! Quelques instants plus tard, l’affaire était dans le sac !
1. À la ferme des enfants Frisotis — Fricadel, réveille-toi ! Il est l’heure. Les moutons attendent que tu les mènes au champ. Lève-toi vite ! gronda Brimbelle en direction de son jeune frère qui peinait à ouvrir les yeux. — Oui, c’est bon ! Ça va ! Laisse-moi encore dormir un peu, ronchonna-t-il. Ce matin-là, un franc soleil commençait à montrer le bout de son nez sur le petit village de Bourfahy. L’absence de vent annonçait déjà les prémices d’une chaude journée d’été. Dehors, le caquètement des poules
et le gloussement des dindons résonnaient dans la vallée comme une symphonie quotidienne. La coquette ferme de Brimbelle et Fricadel Frisotis se trouvait légèrement en retrait des autres maisons du bourg. C’était une charmante bâtisse flanquée d’une jolie grange dans laquelle vivaient en harmonie oies, canards, cochons, ainsi qu’une belle vache et surtout un magnifique troupeau de dix moutons qui faisaient la fierté de leurs jeunes propriétaires. — Pfff… Il va encore prendre son petit déjeuner en quatrième vitesse et salir toute la maisonnée, grommela Brimbelle. L’adolescente n’avait guère plus de quinze ans, cependant elle affichait déjà un bel aplomb pour son âge. Elle n’était pas plus haute que trois bottes de foin mais prenait toujours soin de sa petite personne. Avec son caractère bien trempé, elle n’hésitait jamais à affirmer ses opinions. Il est vrai qu’il lui fallait du courage pour s’occuper de sa ferme et de tous ses animaux depuis que leurs parents avaient disparu quelques années auparavant. Pensant faire fortune, ces derniers étaient partis chercher de l’or en Amérique du Sud, mais leur avion s’était perdu au-dessus de la cordillère des Andes lors d’une violente tempête. On ne les avait plus jamais revus. — Fricadel, bon sang, il n’est plus temps de dormir !!! Son ton était plus ferme à présent. L’adolescent, tel un ours dérangé par un essaim d’abeilles alors qu’il se délecte d’un gros pot de miel, émit un second grognement en guise de réponse.
— Rhoooo !! Ouiii… voilà ! C’est bon ! Ouille... Que j’ai mal au ventre ! gémit-il. J’ai encore abusé du sirop de myrtilles du père Lavérue hier soir, moi. Le jeune frère de Brimbelle était un peu fainéant, mais brave, toujours heureux et partant pour l’aventure. Surtout si c’était avec sa grande soeur, qu’il adorait par dessus tout. Il faut dire qu’elle avait du cran, la petite Frisotis. Elle tenait ça de son grandpère. Bûcheron dans ses bonnes montagnes des Vosges, il n’avait jamais ménagé sa peine pour couper des stères de résineux. Il avait toujours eu pour habitude de livrer en bois de chauffage les habitants du village les plus nécessiteux. Ces derniers lui en étaient fort reconnaissants et le payaient le plus souvent en sirop de myrtilles. Mais, un beau jour, il avait lui aussi disparu de la circulation. Parti faire le tour du monde en voilier, il n’avait plus donné aucun signe de vie. Fricadel descendit les escaliers quatre à quatre. — Ça y est, soeurette, j’suis prêt ! Enfin, presque. Juste le temps de prendre mon casse-croûte. — Je t’ai tout préparé sur la table ! Dépêche- toi, mais n’en mets pas partout comme d’habitude, espèce de goulu ! lui lança-t-elle avec un sourire. Le jeune garçon engloutit rapidement deux tartines de confiture de ces magnifiques petits fruits violets qui tapissaient les prés de Bourfahy, ainsi qu’un grand bol de lait à peine tiré des pis de Milko, leur unique vache.
— Voilà ton panier pour ton repas de midi, Frica. Les bêtes t’attendent… Et ne t’avise pas de te goinfrer de baies sauvages ou autres myrtilles que tu trouveras sur ta route. J’en ai assez de t’entendre toujours te plaindre de maux de ventre après tes orgies de fruits… — Pfff... Quelle rabat-joie, cette frangine ! C’est pas d’ma faute à moi si j’adore ça ! Après avoir embrassé sa soeur et reçu les plus élémentaires recommandations de prudence, le petit gars se mit en route avec ses dix moutons.
2. Un chemin semé d’ embûches — Héééé ! Retiens donc tes bêtes, elles vont me faire tomber de mon vélo, bougre d’empoté ! hurla Courtemanche, le facteur. Il manqua de perdre l’équilibre, percuté par Tolbiac, un mouton un peu miraud. — T’as qu’à apprendre à en faire, lui répliqua sèchement Fricadel, qui n’aimait pas se faire traiter d’empoté. — Un jour, j’en ferai un méchoui géant de tes bestioles !!! menaça le préposé au courrier, rouge de colère, en repartant tout chancelant sur sa bicyclette.