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Panique à l'hôtel de ville

Panique à l'hôtel de ville

9-12 ans - 91 pages, 16068 mots | 1 heure 57 minutes de lecture | © Amaterra, 2022, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Panique à l'hôtel de ville

9-12 ans - 1 heure 57 minutes

Panique à l'hôtel de ville

Brimbelle et Fricadel ont déclenché une faille spatio-temporelle en tombant dans un gouffre ! Comment s’en sortir et rentrer chez eux ?

En jouant encore une fois les détectives, et en découvrant qui a bien pu voler l’écharpe du maire ! Une inauguration importante va avoir lieu, il y va de son honneur !

"Panique à l'hôtel de ville" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
Du même éditeur :

Extrait du livre Panique à l'hôtel de ville

Panique à l'hôtel de ville de Pascal Bettochi et Arnaud Boutin aux éditions Amaterra


Panique à l'hôtel de ville
Prologue – Mais où ai-je bien pu la ranger ? C’est pas possible d’égarer une chose pareille ! Sélèèèène ! Aide-moi à la retrouver ! Je t’en conjure ! Cette histoire va me rendre fou ! Rouge comme une tomate, Isidore Beaufagot, le maire de Bourfahy, était dans
tous ses états. La sueur perlait à son front et bientôt de grosses gouttes se mirent à ruisseler le long de ses joues, venant s’écraser sur ses épaisses moustaches noires. À présent, son agacement s’était transformé en une peur panique. – Ne crie donc pas comme ça, tu vas finir par ameuter tout le village. On va la retrouver ton écharpe, elle n’a pas pu s’envoler. Et puis ce n’est pas si grave, il n’y a pas mort d’homme. D’une voix très douce, l’épouse du maire, une petite dame blonde, tentait de ramener son mari à la raison. Mais la tâche s’avérait ardue. – Pas si grave ? Enfin, Sélène, tu déraisonnes ? On inaugure la nouvelle fontaine dans moins de dix jours ! Si je ne remets pas la main sur cette maudite écharpe tricolore, je peux dire adieu à ma charge de premier magistrat de Bourfahy !!! Un maire en civil pour une inauguration officielle ? Mais tu n’y penses pas ? Je deviendrais la risée de toute la contrée. Autant y aller en culotte… Quelle honte ! Non, c’est sûr, je serais contraint à la démission. – Il faut toujours que tu dramatises tout. C’est peut-être le signe que tu commences à fatiguer et qu’il est temps que tu abandonnes cette fonction trop lourde pour toi. Tu as quarante-cinq ans, tu n’es plus tout jeune. Face à la gravité de la situation et à cette dernière remarque qu’il trouvait fort désinvolte, le maire entra dans une colère noire ! Puis soudain, il éclata en sanglots comme un enfant.
Sélène Beaufagot, désemparée, lui tendit un petit mouchoir qu’elle avait tiré délicatement de sa poche puis elle sortit de la pièce en prenant bien soin de fermer doucement la porte. Quelle tristesse de voir son mari se mettre dans un tel état !
1. La faille Le ciel était sombre et bas ce matin-là sur Bourfahy. Le petit village isolé, accroché à flanc de montagne, semblait tout engourdi et bien morose avec ce temps d’automne. – Al Chapone, où es-tu vieux brigand ? Ah ça ! Mais où est donc passé ce chat ? Le jeune Fricadel Frisotis appelait son vieux matou borgne depuis une bonne demi-heure déjà. Pas la moindre moustache à l’horizon. Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes de disparaître ainsi…
Le garçon décida de poursuivre ses investigations jusqu’au gouffre du Diable, qui se trouvait à l’orée du bois, juste à la sortie du village. Cette énorme crevasse circulaire d’environ dix mètres de diamètre, bien connue des habitants, était brutalement apparue à la suite d’un tremblement de terre qui avait secoué le hameau à la fin du 19e siècle. On l’avait baptisée ainsi car les villageois racontaient qu’elle menait tout droit en enfer. En son centre, un étroit piton rocheux, surplombé d’un vieux chêne centenaire, émergeait des profondeurs. Un long miaulement se fit entendre depuis la cime de l’arbre. – Miaouuuuu… – Oh ! T’chap’ ! Te voilà enfin ! Mon pauvre vieux ! Mais comment as-tu fait pour te retrouver coincé là-haut ? Attends, ne bouge pas ! Je vais t’aider. L’adolescent s’approcha avec précaution. Il remarqua un tronc mort qui enjambait la faille. C’est par là que le chat avait dû traverser. D’un coup d’œil, le jeune garçon estima que le bois serait suffisamment résistant pour supporter son poids. « Si Brimbelle me voyait, je passerais un sale quart d’heure », pensa-t-il. Pas vraiment serein, il se mit à quatre pattes puis entama la traversée. Parvenu à mi-chemin, il risqua un regard au fond du gouffre. Celui-ci s’ouvrait sur un abîme noir dont on ne pouvait évaluer la profondeur. Le sang de Fricadel se figea. Il s’arrêta net dans sa progression, tétanisé. Soudain, le vent
se leva, surnaturel. Il se mit à souffler de plus en plus fort. Paniqué, Al Chapone décida de quitter son arbre et entreprit de franchir le précipice pour rejoindre la terre ferme. D’un bond agile, il sauta sur le tronc bancal et se retrouva face à l’adolescent qui relâcha sa prise pour le laisser passer. À cet instant, une violente rafale fit vaciller notre Fricadel qui perdit l’équilibre, glissa du tronc et bascula. – Mon Dieuuuuuu ! Noooon ! Dans un réflexe, le garçon parvint à agripper une branche. Fricadel n’en menait pas large. Il entendit soudain craquer son dernier espoir : l’arbre mort, fragilisé par le passage du chat, céda sous le poids de l’adolescent ! Avec un hurlement qui s’enfonça dans les entrailles de la terre, il tomba et disparut corps et âme au fond du trou noir…
2. Un malheur n’arrive jamais seul Sur le chemin du village, une enfant aux cheveux roux et aux yeux malicieux croisa la route de Brimbelle Frisotis qui remontait chez elle. – Alors, ton frère, il a retrouvé Al Chapone ? – Ah, tiens ! Salut, Clarisse. De quoi tu parles ? Je rentre à l’instant de courses, j’ai quitté la ferme ce matin très tôt. – J’ai vu Fricadel tout à l’heure. Il marchait d’un bon pas en direction du gouffre du
Diable. Il était inquiet car il ne trouvait pas votre chat. Brimbelle posa ses sacs, reprit son souffle et se gratta la tête en grimaçant avant de répondre : – Le gouffre du Diable, tu dis ? Je n’aime pas qu’il traîne là-bas, c’est terriblement dangereux. Le maire a pourtant interdit aux villageois de s’y aventurer. Quel cabochard ! Il n’en fait toujours qu’à sa tête ! Bon, en tout cas, merci de m’avoir prévenue, Clarisse ! La fillette répondit par un sourire et poursuivit sa route en sautillant. Brimbelle récupéra ses cabas et décida de faire un détour malgré les lanières qui lui cisaillaient les mains. Elle avait un mauvais pressentiment. L’adolescente coupa à travers champs pour ne pas perdre de temps. Au bout de plusieurs minutes de marche, au milieu du brouillard qui s’était mis à tomber, elle distingua les sapins en lisière de forêt. Puis, telle la proue d’un navire sortant de la brume, le menaçant piton rocheux surplombé de son arbre gigantesque surgit devant elle. Brimbelle n’était plus qu’à quelques mètres du sombre précipice lorsqu’elle entendit un miaulement sur sa droite. Al Chapone, qui l’avait reconnue, arrivait à sa rencontre en ronronnant et vint aussitôt se frotter contre ses jambes. Brimbelle en fut soulagée. – Ah, te voilà, vieux bandit ! Tu es tout seul ? Fricadel ne t’a donc pas retrouvé ? Heureusement que je suis là, moi ! Soudain l’adolescente blêmit. Là, accroché à une branche qui sortait de la paroi rocheuse,