Extrait du livre Un beau zéro
Un beau zéro de Marie-Francine Hébert et Mathieu Lampron aux éditions Les 400 Coups
Un beau zéro
Mon crayon sur la ligne de départ, j’attends que madame Claire nous donne le sujet du texte à rédiger. J’aime jouer avec les mots ! On dirait des Lego que je peux assembler pour inventer des histoires ou dire ma façon de penser.
Sûre de nous faire plaisir, madame Claire nous fait languir. Et avec un grand sourire, elle nous demande de raconter nos vacances de Noël. Je reste figé, le crayon en panne. Je ne veux pas, je ne peux pas écrire sur ce sujet-là.
Pendant que, tout excités, d’autres s’élancent sur la page, moi, je voudrais pouvoir me déguiser en courant d’air. Et si j’arrêtais de respirer, je perdrais peut-être connaissance et je me retrouverais à l’infirmerie ? À force de tourner en rond autour de mon crayon, j’attire l’attention de madame Claire. Si seulement j’avais une gastro comme mon ami Léo, madame Claire me renverrait à la maison. Pourquoi lui et pas moi ? Résultat : je vais avoir un beau zéro.
Madame Claire se penche sur ma page blanche avec ses cheveux blonds qui sentent si bon. Et, pour ne pas déranger les chanceux qui décrivent leurs belles vacances et les jouets qu’ils ont reçus, elle me chuchote à l’oreille : – Tu n’as qu’à raconter tes vacances. Dire comment elles se sont passées. Si vous avez fait un arbre de Noël. Parler de tes cadeaux et de tes activités. Tu peux même les dessiner si tu veux.