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Les mots de Mo'

Les mots de Mo'

9-12 ans - 21 pages, 3010 mots | 24 minutes de lecture | © Kilowatt, 2020, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Les mots de Mo'

9-12 ans - 24 minutes

Les mots de Mo'

Moi, c’est Mona, mais on m’appelle Mo’ ! Ça rime avec « rigolo », mais aussi avec « mots ». Et c’est là que ça se gâte, car j’ai un problème avec eux. Pas pour les dire ou les chanter... Pour les écrire : zéro pointé à toutes mes dictées ! Heureusement il y a le dessin, parce que les mots, on peut aussi les mettre en images.

Cet album a fait partie de la sélection Litteralouest, catégorie 8-9 ans, 2020-2021.

"Les mots de Mo'" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Raconté par Thomas

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Extrait du livre Les mots de Mo'

Les mots de Mo' d'Anne Loyer et Arnaud Nebbache aux éditions Kilowatt


Les mots de Mo'
Chapitre 1 Si je vous dis mon surnom, vous allez bien rigoler ! On m’appelle Mo’ ! En fait, mon prénom entier c’est Mona. Mais pour mes parents, ma grand-mère et mon meilleur copain Manuel, c’est Mo’ ! C’est court,
simple et ça rime avec « rigolo ». Mais le problème c’est que ça rime aussi avec « mots ». Et c’est là que ça se gâte, car moi, Mo’, j’ai un problème avec les mots ! Pas pour les dire ou les chanter… non, non, non ! Pour les écrire. Et à chaque fois qu’on a une dictée ou qu’on doit recopier une leçon, c’est la panique à bord. Les syllabes dans le bon sens, les lettres au bon endroit, la petite virgule qui va bien… j’y arrive pas ! Alors, une fois de plus, ce jour-là, lorsque Manuel passe sa tête au-dessus de ma feuille, il souffle : – Oh la la ! C’est quoi ce charabia ? – Du charabia de Mo’... je lui réponds en lui tirant la langue. Mais c’est vrai que ça ne ressemble pas à grand chose à part à une danse des lettres.
La tête en bas, à l’envers ou à l’endroit, en se balançant ou en se tortillant, mon alphabet se libère, franchit les lignes et se moque des carreaux-barreaux ! Aïe, M. Albertin passe dans les rangs et se poste à côté de moi : – Ce n’est pas ce que j’ai demandé. Le maître se penche sur mon travail pour mieux l’inspecter. Je voudrais me coucher dessus pour le protéger de son regard laser. Je suis sûre qu’il va encore râler, me dire que je ne fais pas assez d’efforts, qu’il faut que je me discipline. – Il faut davantage de discipline, Mona ! ajoute le maître d’une voix douce, pour mieux faire passer la pilule. Mais il l’a dit : « dis-ci-pli-ne ». En voilà un mot compliqué à écrire avec sa pente savonneuse en plein milieu qui me fait toujours glisser vers la faute. À chaque fois que je l’entends, je vois une immense piste de saut à ski qui se termine par un sapin géant dans lequel je m’aplatis les bras en croix. Je reporte mes yeux sur mes lettres qui valsent encore plus qu’avant. C’est moi, ou elles dansent carrément la samba ? Elles s’embrouillent et tout se brouille. Manuel tire un mouchoir chiffonné de sa poche et me le tend. – Tu as de l’eau dans les yeux… murmure-t-il. C’est vrai que dehors, il pleut beaucoup… Quand la cloche sonne, je me cache sous ma capuche et file vers la grille. – Hé ! Mo’ ! Attends-moi ! T’es fâchée ? Manuel me rattrape sur le trottoir. – Non… mais ça m’agace, tu sais ! Comment ils font les autres pour bien écrire ? Comment tu fais, toi ?
Ma question le stoppe. Il me regarde étonné : – Moi aussi je fais des fautes ! – Mais moi j’ai eu zéro ! Je suis nulle… – C’est pas vrai ! me crie-t-il dans les oreilles. Personne ne dessine aussi bien que toi ! Mais ses paroles s’envolent avec le vent… Chapitre 2 Je rentre chez moi en traînant les pieds. Ma mauvaise note pèse une tonne au fond de mon cartable. – C’est toi, Mo’ ?
Ma grand-mère m’appelle quand elle entend la porte claquer. J’avance vers le salon où elle est assise dans la pénombre. J’allume le plafonnier pour y voir plus clair. – C’est moi, Mamounette. Comment vas-tu ? – J’irais mieux avec une petite douceur plongée dans un thé… C’est l’heure du goûter, non ? – Je te prépare ça ! Je file dans la cuisine et dépose deux bols à grosses fleurs sur un plateau. Je fais chauffer l’eau et attrape quatre madeleines dans le placard. – C’est prêt ! Nous nous empiffrons joyeusement. – Alors, ma grande, quoi de neuf aujourd’hui ? m’interroge-t-elle, une fois son petit creux rempli. – Bof… j’ai encore eu un zéro pointé. Ma voix s’affaisse et mon menton se met à trembler. Heureusement que ma grand-mère ne voit plus très bien derrière ses lunettes. – Ce n’est pas très grave, tu sais, me dit-elle tendrement. Une note ça ne prend pas beaucoup de place dans une vie. – Surtout les miennes… j’ajoute. Elles sont toutes riquiqui. – En voilà un joli mot ! Quand je l’entends, j’imagine une souris qui trottine entre les pattes d’un éléphant. Et toi ? me demande-t-elle en souriant. – Moi ? « Riquiqui » ça me fait penser au conte de Riquet à la houppe. Tu sais, ce prince très laid mais plein d’esprit. Quelque chose de ridicule à l’œil mais qui peut avoir une grande importance ! Le sourire de ma grand-mère s’étire et lisse toutes ses rides d’un seul coup.